Photo : Riad Par Hasna Yacoub Il reste moins d'une année au ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme pour concrétiser la promesse phare du programme présidentiel, la réalisation d'un million de logements. Malgré le temps qui presse, Noureddine Moussa affiche une grande sérénité. «Nous sommes sur la bonne voie pour atteindre notre objectif», a-t-il assuré à de nombreuses occasions. Un objectif qui vise à faire du secteur du bâtiment le deuxième facteur de croissance économique après les incontournables hydrocarbures. D'ailleurs, l'Etat, qui a lancé pour la période 2005-2009 un plan de soutien à la croissance, avec une dotation de 140 milliards de dollars, a affecté 70% des dépenses au développement d'infrastructures de base avec pour priorité la construction du million de logements. Selon les statistiques du département de l'Habitat, 44% du programme d'un million de logements a été réalisé et livré. «Il ne reste à réaliser que 544 024 logements dont les travaux sont déjà lancés. 459 812 ont été réceptionnés et d'ici la fin de cette année, 264 025 autres le seront. En 2009, il ne restera à réaliser qu'environ 300 000 logements pour boucler le programme d'un million de logements», selon le ministre qui a expliqué que les études des projets étant terminées, la réalisation du reste du programme prendra beaucoup moins de temps que celui de la première tranche, exécutée en quatre ans. «Il nous appartient d'accélérer la cadence des réalisations et de mettre dans de bonnes conditions les entreprises pour arriver à notre but», dira-t-il. Pour ce faire, le premier responsable du secteur, qui ne cache pas sa «défiance» des entreprises nationales, fait appel aux étrangers pour la réalisation des projets restants. Il a d'ailleurs déclaré lors de son passage au forum de l'ENTV que «nos entreprises de BTPH sont loin de répondre aux normes universellement admises» et que «nos entreprises ne sont pas en mesure de répondre à la gamme qu'offrent nos programmes». Pourtant, seul 6% de l'ensemble du programme d'un million de logements a été construit par des entreprises étrangères, soit 58 000 logements. Les 94% du programme ont donc été réalisés par les entreprises nationales qui «sont loin des normes universellement admises». A vrai dire, il existe en Algérie de très nombreuses entreprises privées du bâtiment. Mais la plupart sont de trop petite taille pour participer aux appels d'offres, et la main-d'œuvre y est peu qualifiée alors que le haut risque sismique nécessite la maîtrise de techniques avancées de construction et de maçonnerie. Les entreprises étrangères, notamment chinoises, remportent ainsi la plupart des marchés publics. La réalisation du million de logements ne bute pas uniquement sur le manque de compétences locales. D'autres difficultés retardent les projets. Les étapes préalables consacrées à la mise en place du cadre juridique et législatif, la passation des marchés publics, le choix des entreprises et des sites d'implantation des projets sont plus longues que la réalisation elle-même. Il y a aussi la disponibilité des matériaux de construction et des fournitures. Le marché des matériaux de construction connaît d'importantes perturbations, dues essentiellement à la flambée des prix du rond à béton, à la pénurie de ciment, à l'augmentation du prix du bois, etc. Pour le rond à béton, à titre d'exemple, les besoins sont estimés à 3 millions de tonnes/an pour les programmes de logements et d'équipements. La production locale ne satisfait que 20 à 25% de ces besoins. La perturbation dans l'importation de ce produit pose un sérieux problème quant à la capacité des entreprises nationales à honorer leurs engagements. Face à toutes ces difficultés, «des dispositions ont été prises pour l'aplanissement des contraintes entravant la conduite des chantiers», a assuré le ministre citant notamment la révision des prix des matériaux de construction. Pour les promoteurs immobiliers, il a annoncé de nouvelles mesures fiscales incitatives. Ceux qui s'engagent à réaliser des logements dans les délais fixés, pour moins de 30 000 DA le mètre carré, bénéficieront d'une exonération de l'impôt sur le revenu global (IRG) et de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS). L'Etat supportera ainsi un effort financier de 25% au titre de l'IBS et de 10% au titre de l'IRG. Cette mesure constituera un encouragement certain pour les promoteurs. Tenu par l'obligation de résultat, M. Noureddine Moussa sera-t-il au rendez-vous en 2009 ? H. Y. L'Algérie importera un million de tonnes de ciment prochainement L'Algérie a lancé un appel d'offres pour l'importation d'un million de tonnes de ciment pour alimenter ses chantiers de bâtiment de travaux publics et faire face à une hausse prévisible de la demande durant les prochains mois. Douze cimenteries publiques se sont constituées en groupement pour prendre en charge l'importation, à partir de septembre prochain, de ce million de tonnes de ciment qui s'étalera sur une période de dix mois. L'Algérie veut ainsi se préparer à pallier à un probable manque de ce matériau qui interviendra avec l'augmentation prévisible de la demande avec les nombreux projets en cours de réalisation, dont principalement les chantiers de construction de plus de 500 000 logements et de l'autoroute Est-Ouest. Les cimenteries publiques ont parallèlement décidé d'investir 780 millions de dollars entre 2008 et 2012 pour augmenter leur production annuelle, qui est actuellement de 11,6 millions de tonnes, à 17,6 millions de tonnes. La production algérienne de ciment qui était de 14 millions de tonnes en 2007 devrait atteindre près de 18 millions de tonnes en 2008, l'équivalent de la demande nationale, selon les chiffres officiels.