Le fait est acquis, les réseaux sociaux influencent de plus en plus la pratique du journalisme, notamment en démultipliant les sources d'information et les canaux de production et de diffusion de l'information. Principale difficulté, inventer de nouvelles règles, essentiellement éthiques pour que le journaliste exploite ces opportunités pour améliorer sa production, tout en restant dans les limites de transparence, de neutralité et d'objectivité, si particulières à profession. De nombreuses études sont initiées sur les différents continents pour bien comprendre la mesure de l'importance prise par les réseaux sociaux dans le monde du journalisme. L'organisation onusienne spécialisée, l'Unesco, s'est-elle même penchée sur la question en apportant son parrainage à une récente étude de terrain lancée par une association colombienne. En effet, c'est en collaboration avec le Bureau de l'UNESCO à Quito, que l'organisation colombienne Consejo de Redacción vient d'entreprendre une étude sur l'utilisation des réseaux sociaux pour diffuser l'information, dans le cadre du projet de renforcement du journalisme d'investigation par les TIC. Le laboratoire de communication des réseaux sociaux a vu le jour en septembre 2010. En testant les meilleures stratégies de communication, cette étude a pour objet de déterminer comment les réseaux sociaux peuvent être utilisés pour offrir de nouvelles sources d'information et permettre aux communautés et aux journalistes de faire leur propre actualité. Les réseaux sociaux constituent d'excellentes plateformes d'information, c'est un fait. Mais on ne sait pas encore très bien comment tirer pleinement parti de leur potentiel dans le journalisme. C'est en partant de ce constat que l'organisation colombienne Consejo de Redacción a développé son projet de laboratoire de communication des réseaux sociaux. Cette étude expérimentale tente de répondre aux questions suivantes : quelles sont les stratégies de communication qui créent de l'audience dans les réseaux sociaux ? Quels sont les sujets les plus populaires ? Quelle différence entre l'actualité sur Internet et dans les médias traditionnels ? Quel usage peut-on faire des nouvelles plateformes ? Quelle langue utiliser ? L'étude a délibérément refusé toute publicité avec des partenaires, de sorte que les résultats puissent être extrapolés à n'importe quel journaliste ou organisation avec des moyens limités. L'étude a commencé par la création d'un blog journalistique et sa diffusion à travers différents réseaux sociaux, tels que Twitter, Facebook, Blogger, Youtube, Tumblr et Podbean. Une autre étude, d'un groupement d'agences de communication américaines, réalisée chaque année depuis 4 ans, sur la relation entre les journalistes et les réseaux sociaux, a permis de recueillir les réponses d'environ 500 journalistes répartis dans 15 pays. Ses résultats permettent de faire ressortir de grandes tendances concernant les transformations que connaît actuellement le journalisme avec l'apparition et l'utilisation croissante des médias sociaux. Il ressort que 47% des journalistes utilisent Twitter comme source d'information pour réaliser leurs enquêtes et rechercher des informations, et 35% utilisent Facebook. Par ailleurs, 30 % des journalistes suivent des blogs qu'ils connaissaient déjà et 47 % en consultent de nouveaux. Près de 60% des journalistes collectent toujours leurs informations auprès des représentants en relations publiques, et 59% les porte-paroles des entreprises. 55 % indiquent que leur organisation possède leur propre compte Twitter et 54 % un blog tenu par un ou plusieurs journalistes. La vidéo devient un format de publication privilégié : 48 % disent l'utiliser pour créer leurs contenus. 1/8e des organisations ne possèdent pas de type de contenu lié aux médias sociaux, contre 1/4 lors de la première enquête réalisée en 2008. En termes de qualité de travail, 45 % des journalistes interrogés ont reconnu devoir produire plus de contenu par rapport à l'omniprésence des médias sociaux. Cependant, 44 % disent apprécier leur métier, contre 34 % en 2010 et 27 % en 2009. Ces chiffres démontrent l'importance grandissante que prennent les médias sociaux dans le domaine du journalisme. Considérés comme étant expérimentaux il y a encore quelque temps, les médias sociaux sont aujourd'hui utilisés par les journalistes pour trouver l'information, la vérifier ou la diffuser. Les réseaux sociaux tendent à s'instituer comme nouvelles sources d'information pour la presse, révèle une étude réalisée par le cabinet d'études Cision et la George Washington University auprès de journalistes de la presse écrite et Internet. Plus de la moitié des journalistes sondés (56 %) estime que les médias sociaux ont eu une certaine importance dans l'enquête et la production de certains articles. La statistique est tirée vers le haut par les journalistes du Web (69 %), vers le bas par ceux qui travaillent en presse magazine (48 %). Au total, 28 % n'y accordent peu ou pas d'importance. Quelles sont leurs sources sociales ? Les blogs restent loin devant, cités par 89 % des journalistes. Les réseaux sociaux comme LinkedIn et Facebook sont utilisés par 75 % des journalistes Web, 72% des journalistes de presse quotidienne et 58 % des journalistes de presse magazine. Le micro-blogging perce doucement : très largement adopté comme source par les journalistes Web (69 %), il commence à séduire les plumes de la presse quotidienne (49 %) et magazine (45 %). Prêts à écouter ces sources, les journalistes n'en sont pas moins prudents sur leur qualité : 84 % des sondés estiment que les contenus des médias sociaux sont moins ou légèrement moins fiables que ceux contenus dans les médias traditionnels. Plus un journaliste est expérimenté, plus il semble se méfier de ces sources, être issu de la presse écrite renforce encore cette idée. Principal grief : le manque de vérification (cité par 49 % des sondés).