Il a été le dernier à avoir offert à l'Algérie une médaille d'or lors d'un championnat du monde d'athlétisme. C'était lors des mondiaux de Paris en 2003 au 800 mètres. Saïd Guerni Aissa Djabbir revient dans cet entretien sur cet événement, les clefs de sa réussite, la situation de la discipline en Algérie, la formation. Guerni nous a parlé aussi de la création de son club, des championnats du monde 2011 prévus à Daegu (Corée du Sud) et les chances de l'Algérie dans cette manifestation. A signaler que la délégation algérienne a rallié hier la ville sud coréene pour un stage d'acclimatation de dix jours avant le début de la compétition. Dix athlètes ont été retenus. 7 ont réalisé les minima A. Il s'agit de Larbi Bouraâda (décathlon), Rabah Aboud (5000 mètres), Mounir Mihout (5000 m), Tarek Boukensa (1500 m), Taoufik Makhloufi (1500 m), Zehra Bouras (800 m), Baya Rahouli (triple saut). Trois sont fait les minimas B, en l'occurrence Othmane Hadj Lazib (110 m haies), Mahfoud Brahimi (800 m) et Seif Islam Temacini (triple saut). Vous avez été médaillé d'or lors des championnats du monde d'athlétisme de Paris 2003. C'était d'ailleurs la dernière médaille de l'Algérie jusqu'à nos jours. Que gardez-vous en mémoire de ces joutes ? Dans la vie d'un sportif, où d'un individu, il y a toujours un objectif à atteindre, un rêve à réaliser. C'était pour moi un but, même si ce n'était pas évident d'arriver à le concrétiser. J'appartiens à une génération qui a souffert. On a pratiqué le sport durant la décennie noire. A Paris, j'ai vécu quelque chose d'extraordinaire, puisqu'il s'agissait d'un titre mondial. D'une part, j'ai été récompensé au bon moment après avoir fourni des efforts titanesques. D'autre part, je suis resté toujours champion du monde aux yeux de notre peuple magnifique. Le fait de le devenir n'est pas venu par hasard. Quelle est la clé de votre réussite ? Avant tout, j'avais cette détermination d'aller de l'avant sans se soucier des obstacles. On a fait beaucoup de sacrifices aux entraînements. Le programme fut très chargé. La préparation a été effectuée en grande partie lors du mois de ramadhan. On est passés par des moments très durs. Mais, on a pu cueillir le fruit de notre labeur. Rien ne m'a freiné, même pas les problèmes administratifs à l'époque. Ce fut, à vrai dire très difficile à gérer. Huit ans sont passés et aucun coureur n'a pu rééditer votre exploit. A quoi est due cette régression de l'athlétisme algérien ? Il n'y a pas régression au vrai sens du terme. Il y a eu plusieurs finalistes. Depuis deux ans, on a été champions du monde juniors. C'est vrai qu'il n'y a plus de médailles depuis 2003, mais, il y a l'émergence de compétiteurs prometteurs. A votre avis, pourquoi on n'arrive plus à avoir des champions olympiques où mondiaux ? C'est une question d'organisation. Il y a eu peut-être une perte de confiance entre les athlètes et leur fédération. D'aucuns se sentent délaissés. Il faudra trouver une cohésion. Les efforts sont consacrés à la formation d'athlètes dans les spécialités du fond et du demi-fond. Des épreuves qui nous ont toujours permis de gagner des médailles. Mais, on n'investit pas dans les épreuves techniques dans lesquelles avaient excellé les Hamad au saut en hauteur, Rahouli au triple saut, ou encore Toumi dans le lancer du marteau… Je ne pense pas. La fédération axe son travail sur une formation dans toutes les spécialités. Il y a des pôles consacrés à des épreuves techniques. En outre, la FAA a mis en place un chargé de communication, en l'occurrence Abdou Seghouani. Cela est une bonne chose, puisqu'il y avait toujours une carence sur ce plan. La bonne relève ne vient pas du jour au lendemain. C'est en formant qu'on peut redorer le blason de ce sport. Où en êtes-vous avec la création de votre club ? C'est en bonne voie. Je vais avoir l'agrément cette semaine. J'étais dernièrement au ministère et je me suis entretenu avec monsieur Bouamra. Il m'a promis de m'aider. Ce sera un club dans lequel je mettrais toute mon expérience au service des jeunes. Avec le temps, ce sera une académie, vu que cela demande plus de moyens matériels et humains. Cette année, les championnats du monde se dérouleront à Daegu du 27 août au 4 septembre 2011 avec la participation de l'Algérie. Etes-vous optimiste quant à des performances de nos représentants ? Sincèrement, je ne le suis pas à 100 %. Je ne m'attends pas à des places au podium. Le niveau sera très élevé avec la présence des meilleurs. Ce sera un miracle si on décroche des médailles. Y a-t-il des éléments qui peuvent créer la surprise lors de ce challenge ? Il y a Mekhloufi qui peut surprendre, à condition qu'il se qualifie en finale. Nos athlètes ont tendance à ne pas oser. Il faut avoir plus d'audace. S'ils auront une ouverture lors des finales, ils ne doivent pas hésiter une seconde à là saisir. Pour l'avenir, je vois en Anou une future étoile. Même s'il ne sera pas à Daegu, il a le profil d'un grand athlète. Toutefois, on doit lui donner tous les moyens pour qu'il se place parmi l'élite du 1500 m au monde, où parmi celle des jeux Olympiques.