L'année 2003 n'a pas été pauvre en consécrations sportives. Loin s'en faut. Le titre du champion du monde arraché par Djabir-Guerni en athlétisme après une longue période de doute constitue incontestablement le plus grand coup de l'année. Guerni a su, sur la piste du stade de Saint-denis, matérialiser les espoirs d'une discipline, qui a de tout temps hissé haut les couleurs nationales. Guerni aura donc marqué cette année de son empreinte principale, mais il n'est pas le seul. Lamia Louali, dans la discipline de karaté-koshiki, a également bousculé la hiérarchie mondiale en s'adjugeant même le titre de championne du monde en kata. Et juste avant la clôture de l'exercice 2003, le handball algérien a, de nouveau, frappé fort à travers le succès du MC Alger en Coupe d'Afrique des clubs champions. D'autres sportifs ont réalisé des performances considérables, mais il reste que ces succès seraient largement multipliés si les moyens d'une véritable politique sportive venaient à voir le jour. Aïssa Djabir Guerni Ce fut incontestablement le meilleur Le 31 août 2003 au somptueux stade Saint-Denis de France, l'athlète algérien Aïssa Djabir Saïd-Guerni, 26 ans, illumine les Mondiaux d'athlétisme en remportant la médaille d'or du 800 mètres. La première dans l'histoire de l'athlétisme algérien dans cette spécialité bien précise. Il vient ainsi effacer le triste épisode du match France-Algérie, disputé un certain 6 octobre 2001 dans le même stade. Ce jour-là, ce qui devait être un rendez-vous pour l'histoire a tourné à la honte par le comportement des supporters des Verts qui envahissent le terrain avant même la fin de la rencontre. C'était, en fait, l'image du sport algérien qui a subi un sérieux coup. Mais Guerni était bien passé par là pour donner une autre image, la vraie d'ailleurs, du sport et des athlètes algériens. Des athlètes capables, en effet, de hisser haut, très haut, l'emblème national. La chaleur suffocante qui régnait ce jour du 31 août sur Paris n'a pas eu raison de l'enfant de l'Algérie profonde, cœur de lion, pour défier les géants de la discipline, à l'image du Danois d'origine kényane, Kipketer, ou l'autre le Sud-Africain, Mblaeni Mulaudze. Cet athlète dont les médecins disaient que c'était fini l'athlétisme pour lui en raison d'une méchante blessure, a su, grâce à un courage et une détermination propres aux authentiques “hommes” algériens, relever le défi pour, surtout, réhabiliter l'image de son pays. Une Algérie qui ne cesse de témoigner son profond amour pour elle, comme le souligne aussi son père et entraîneur, Zine El-Abidine. “Y a-t-il plus beau et plus sublime que de faire retentir l'hymne national à Paris ? C'était fabuleux. J'attendais ces moments avec impatience”, lâche-t-il les yeux larmoyants. Les hommes forts ne font pas seulement qu'enchaîner les performances et les distinctions, mais ils mettent ça aussi au service de leurs compatriotes. Guerni en a apporté la plus grande preuve, comme ce fut le cas lors du séisme de 21 mai dernier qui a endeuillé des milliers de familles algériennes. Et pour témoigner sa solidarité avec ses compatriotes en difficulté, il fit une offrande de 15 millions de DA, soit la moitié de la prime générée après son titre mondial. La fulgurante ascension du désormais nouveau roi mondial du 800 mètres, lui procura la reconnaissance des médias algériens. Lors, en effet, du sondage qu'effectuent annuellement l'APS et l'ENTV, Guerni a été élu meilleur athlète de l'année 2003. C'est sa deuxième consécration en la matière, après celle obtenue en 1999. L'athlète en question, actuellement en préparation en Hexagone en prévision des olympiades, affirme être ravi par ce titre symbolique. Et d'enchaîner : “Cela m'encourage à aller de l'avant, d'arracher d'autres titres. C'est toujours ça mon objectif : gagner le maximum de titres pour représenter dignement mon pays.” Guerni vous donne rendez-vous pour les jeux Olympiques d'Athènes l'an prochain. Promesse d'un champion… K. Y.