Pour les familles qui résident dans les communes côtières ou celles qui louent depuis le début de la saison estivale, l'équation est simple : rien ne vaut la merveilleuse et rafraîchissante expérience de rompre le jeûne au bord de la mer. Plus que l'année dernière, le Ramadhan a totalement coïncidé, cette année, avec le mois d'août. Un mois habituellement synonyme de congés payés et de vacances scolaires. Et comme pour ne pas déroger à sa spécificité, août s'est caractérisé, cette année encore, par de fortes chaleurs, et même une forte canicule, certains jours. C'est, donc, pour ne pas observer de break dans leurs vacances et, surtout, pour fuir la canicule, que certaines familles oranaises ont innové cette année. A la recherche de fraîcheur et de singularité estivale, de nombreuses familles optent pour des soirées de Ramadhan les pieds dans l'eau. A peine le f'tour expédié, beaucoup d'Oranais se rendent, en effet, en famille, sur la plage du complexe des Andalouses, à une trentaine de kilomètres de la ville d'Oran, pour terminer la soirée au bord de la mer. La route de la Corniche fait face, depuis le début du Ramadhan, à des cortèges de voitures qui se poussent en queue leu leu pour rejoindre la côte et profiter des bienfaits de la Grande Bleue. Certaines familles prennent même, pour éviter de laisser leurs économies dans les caisses des «très chers» restaurants locaux, la précaution de ramener leur s'hour pour un singulier pique-nique nocturne sur le sable. La centaine de gros projecteurs installés sur la plage pour la saison estivale aident grandement les familles à se mouvoir avec aise et en toute sécurité. Les pieds dans l'eau, une citronnade en main, bercées par la brise et respirant à pleins poumons l'iode marine, ces familles chanceuses tirent intelligemment le meilleur de leurs vacances et de leur Ramadhan. «Lors du week-end, nous dit un serveur, le rush est si dense qu'on a l'impression qu'on est en pleine saison touristique, les familles ne quittant les lieux qu'avec le Adhan de l'Imsak.» S'installant sur les plages autour d'un thé, d'un café ou tout autre rafraîchissement, déployant tables et chaises sur le sable (certains usant carrément de tapis), ces familles profitent au maximum de leurs loisirs nocturnes, partagés entre riche ripaille et bains de minuit. Et comme pour ajouter à leur bonheur, les gendarmes, qui veillent au grain, procurent toute la sécurité pour ces estivants indécrottables. Pour leur part, les patrons des commerces, notamment les cafétérias et autres salons de thé qui parsèment le complexe, se frottent les mains. Leurs commerces, en effet, ne désemplissent pas de la soirée. Alors qu'ils craignaient fort que le Ramadhan allait se répercuter négativement sur leurs affaires, ils en sont désormais à le louer puisque les soirées de ce mois rapportent autant, sinon plus, que celles de la pleine saison estivale. Selon les déclarations de certains, la demande dépasse même l'offre au cours du week-end puisque l'assurance d'une grasse matinée rameute même les personnes qui ne sont pas en congé. Pour leur part, des jeunes saisissent cette occasion pour fuir les bruits de la ville ou le boulevard du Front de mer, trop encombré. Ils usent du covoiturage, désormais en vogue, pour rejoindre les plages des Andalouses ou de Aïn El Turck où ils se baignent, se rafraîchissent et passent du bon temps. Une heure avant le adhan du s'hour, ils rentrent à la maison en taxi clandestin qu'ils auront loué à environ 1.000 dinars, en aller-retour. Pour les familles qui résident dans les communes côtières ou celles qui louent depuis le début de la saison estivale, l'équation est simple : rien ne vaut la merveilleuse et rafraîchissante expérience de rompre le jeûne au bord de la mer. Fuyant l'humidité des maisons et des bungalows, elles dressent leurs tables richement garnies sur les terrasses ou à même la plage pour savourer un pur bonheur. C'est ce qu'on appelle faire d'une pierre deux coups : joindre le Ramadhan aux vacances, quoi de plus intelligent ?