Dans le hall de l'agence postale du centre-ville de Tizi Ouzou, les clients ne sont pas aussi nombreux qu'au début du Ramadhan, pourtant ils doivent prendre leur mal en patience. Il n'est que 11h, mais tout semble déjà fonctionner au ralenti. Parfois dix minutes ne suffisent pas pour prendre en charge un seul client. Mais cela n'offusque guère tous ces clients qui ne semblent plus être pressés comme d'habitude. Cette ambiance ne concerne pas que la seule agence postale. Plutôt toutes les institutions, banques ou administrations soient-elles. Au centre-ville de Tizi Ouzou, comme sur les routes menant vers la plupart des localités de la wilaya, la circulation automobile est des plus fluides. Les artères de la ville sur lesquelles d'interminables files de véhicules se forment à longueur d'année et durant toute la journée sont désertes depuis le début de ce mois de Ramadhan. Les rares passants qu'on croise sont déjà assommés par la suffoquante chaleur de ces matinées du mois d'août. Leur démarche presque vacillante en dit long sur leur état. À 11h, ils viennent, pourtant, à peine de vivre un quart de la journée, sinon moins. Ce n'est qu'à cette même heure que les magasins commencent, pour la plupart, à lever le rideau. Il aura suffi que le début du mois de Ramadhan soit annoncé pour que tout le rythme de vie et les habitudes de la population de Tizi Ouzou, comme celles de tout le reste du pays, changent presque de façon radicale. “Ça ne sert à rien d'ouvrir tôt le matin, la ville est déserte, les gens sont en congé”, dit un commerçant du centre-ville. En effet, étudiants, enseignants, de l'enseignement général, professionnel et universitaire, sont en vacances d'office. Aucun choix ne leur est permis. À ceux-là s'ajoutent des fonctionnaires des institutions publiques et des entreprises privées qui ont le choix de prendre ou garder leurs congés pour d'autres périodes de l'année. C'est du coup une bonne partie de la population qui se retrouve en vacances. “Je suis sorti faire quelques achats et rentrer chez moi”, dira Yazid, un fonctionnaire en congé. Comme Yazid, ils sont nombreux à choisir de prendre leur congé au mois d'août. “La coïncidence du Ramadhan avec le mois d'août, période durant laquelle je prends chaque année mon congé, me garantit un repos total cette année. Habituellement même si je prenais mon congé en août, les fêtes de mariage et la nécessité d'accompagner mes enfants à la plage ne me permettaient guère de me reposer”, explique Hakim, un autre fonctionnaire à la wilaya. D'autres agissent par calcul pour s'arranger à prendre officieusement deux mois de congé au lieu d'un. “Habituellement, je prenais mes congés au mois d'août, mais comme cette année, il coïncide avec le mois du Ramadhan, j'ai préféré les prendre en juillet puisque de toutes les manières, tout le monde sait que durant le Ramadhan on fait juste semblant de travailler. C'est pratiquement un second congé maquillé par la présence, sans rien faire”, explique pour sa part, Abdelhak, un administrateur dans une institution publique. De nombreuses entreprises privées préfèrent opter directement pour l'arrêt total de leurs activités durant ce mois d'août qui coïncide avec le Ramadhan. “À cause de la coïncidence du Ramadhan avec cette canicule, J'ai préféré mettre tout le monde en congé puisqu'ils ne peuvent pas travailler sous cette chaleur sans même pas boire de l'eau”, raconte le propriétaire d'une entreprise de bâtiment à Tizi Ouzou qui dit garder toujours en mémoire l'épisode de la descente policière dans un chantier à Aïn El-Hammam. Comme cet entrepreneur, ils sont nombreux à se mettre en congé à Tizi Ouzou, comme le confirment la plupart des chantiers qui sont à l'arrêt. C'est dire qu'à Tizi Ouzou la population s'est mise en “mode pause” durant ce mois de Ramadhan. Ce n'est qu'après la rupture du jeûne que la vie reprend de plus belle.