La demande d'adhésion à l'ONU de la Palestine adressée par Mahmoud Abbas à Ban Ki-moon, en marge de la 66e session de l'Assemblée générale des Nations unies, sous un tonnerre d'applaudissements nourris, occupe les devants de la scène internationale. Même le quartette, qui était en hibernation depuis plusieurs mois, a «rebondi» après la démarche palestinienne. Il a appelé, après des mois de silence, à la reprise des négociations. Contre toute attente, le Conseil de sécurité ne mettra pas dans ses tiroirs la demande palestinienne. Selon l'ambassadeur du Liban, Nawaf Salam, qui préside le Conseil, la première séance de consultations se tiendra demain après-midi (19h GMT). Les Palestiniens, qui espèrent obtenir au moins neuf des quinze voix, minimum requis pour que leur demande puisse faire l'objet d'une «recommandation» à l'Assemblée générale, passage obligé pour que celle-ci se prononce par un vote à son tour, peuvent compter six «oui» annoncés (Chine, Russie, Brésil, Inde, Liban, Afrique du Sud). Longues tractations en perspective avant un éventuel vote des «quinze» que les Américains ne souhaitent pas pour ne pas avoir à opposer leur veto aux conséquences incommensurables pour leur image au Proche-Orient. Selon plusieurs observateurs, les négociations traîneront jusqu'en novembre. Un délai qui donnera «le temps d'éviter une confrontation», estime Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères. Abbas, qui sait qu'il se heurtera au veto américain si sa demande obtient les «neuf voix» requises, s'offre une fenêtre à deux volets : retourner à l'Assemblée générale des Nations unies où il a une large majorité pour l'obtention d'un «statut d'Etat observateur» et tendre la main à Benyamin Netanyahu. «Nous sommes prêts à revenir immédiatement à la table des négociations conformément aux normes du droit international et à condition de l'arrêt total de la colonisation», lui dit-il. LE «NI-NI» DE NETANYAHU Le Premier ministre israélien, qui a «sapé tous les efforts de paix», «ruiné les espoirs nés de la reprise des négociations en septembre» 2010 et «menacé l'existence de la structure de l'Autorité nationale palestinienne» -qui ferait porter à Israël, en tant que puissance occupante, la responsabilité d'administrer toute la Cisjordanie -, refuse et la demande palestinienne et l'offre de dialogue de Abbas. Même l'appel du quartette (Etats-Unis, ONU, Russie, Union européenne) à la reprise des négociations de paix qui ne pose pas de conditions sur la colonisation et les frontières, ne lui sied pas. Selon la déclaration, les Palestiniens et les Israéliens se rencontreraient dans un mois pour établir «un calendrier et une méthode de négociations» et prendre un engagement d'aboutir à un accord définitif fin 2012 «au plus tard». Il leur demande de présenter d'ici trois mois «des propositions complètes sur la sécurité et le territoire» (la question des frontières) et de faire «en six mois» des progrès substantiels. En ligne de mire, une conférence internationale à Moscou pour évaluer «au moment opportun» l'avancée des discussions. «La feuille de route avancée par le quartette n'est pas sacrée», estime Danny Ayalon, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères. «Je ne crois guère à une reprise des négociations», renchérit Gilad Erdan son collègue de l'Environnement. Et pour cause ! A contrario de Abbas qui estime que la base du conflit c'est la question de la colonisation, Netanyahu estime que celle-ci est à chercher dans «le refus des Palestiniens de reconnaître l'Etat juif». «Reconnaissez l'Etat juif», a-t-il lancé encore vendredi devant l'Assemblée générale de l'ONU en soulignant que «le plus grand danger pour le monde est l'Islam militant» qui serait sur le point, selon lui, d'acquérir des armes nucléaires. Israël, qui «étudie» officiellement la proposition du quartette, ira-t-il jusqu'à courroucer Hillary Clinton qui a appelé les deux parties à saisir la main tendue par le quartette ? Comme tous les peuples de la région, les Palestiniens veulent croire eux aussi à leur «Printemps». - Le texte de la demande d'adhésion «Votre excellence, j'ai le grand honneur, au nom du peuple palestinien, de soumettre cette demande de l'Etat de Palestine pour son adhésion aux Nations unies. Cette demande d'adhésion est soumise sur la base des droits naturels, légaux et historiques du peuple palestinien et est basée sur la résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations unies du 29 novembre 1947, ainsi que sur la Déclaration d'indépendance de l'Etat de Palestine du 15 novembre 1988 et la reconnaissance par l'Assemblée générale de cette déclaration dans la résolution 43/177 du 15 décembre 1988. A cet égard, l'Etat de Palestine déclare son engagement en faveur de la réalisation d'une solution juste, durable et globale du conflit israélo-palestinien basée sur la vision de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, telle qu'elle a été approuvée par le Conseil de sécurité des Nations unies, l'Assemblée générale et la communauté internationale dans son ensemble, et basée sur le droit international et toutes les résolutions pertinentes des Nations unies. Pour les besoins de cette demande d'adhésion, une déclaration établie conformément à la règle 58 des Règles provisoires de procédure du Conseil de sécurité et à la règle 134 des Règles de procédure de l'Assemblée générale est annexée à cette lettre. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir transmettre cette lettre de demande d'adhésion et la déclaration aux présidents du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale dès que possible». - Mahmoud Abbas Président de l'Etat de Palestine Président du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine