Le CCG(Conseil de la coopération du Golfe), les Etats-Unis et le Conseil de sécurité multiplient leurs pressions sur le président Ali Abdallah Saleh appelé à changer de cap. Depuis vendredi, jour de son retour inattendu à Sanaâ après une absence de plus de trois mois en Arabie Saoudite où il recevait des soins pour les blessures causées par l'attentat perpétré le 3 juin contre le palais présidentiel, la situation n'a pas cessé de se détériorer. Malgré son appel à une trêve. La Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, n'hésite pas à bombarder la première division blindée du général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, déployée aux abords de la place du Changement, épicentre de la contestation, pour protéger les manifestants qui réclament depuis janvier dernier le départ de celui qui est au pouvoir depuis 33 ans. Bilan : près de 200 morts et autant de blessés en moins d'une semaine. Les monarchies du Golfe dénoncent «le recours aux armes lourdes contre les manifestants» et appellent «à la formation d'une commission d'enquête» sur les violences de cette semaine. Convaincues que l'armée du général Mohsen pourrait faire basculer la situation, elles pressent Saleh de signer «immédiatement» le plan de sortie de crise qu'elles ont élaboré avec les Etats-Unis et l'Union européenne (formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et démission de M. Saleh en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches). Les Etats-Unis, qui sont préoccupés eux aussi par la situation, demandent à Saleh de procéder à «un transfert complet du pouvoir» et ce en «organisant un scrutin présidentiel avant la fin de l'année» dans le cadre du plan du CCG car le peuple «mérite l'avènement d'un Yémen uni, stable, sûr et démocratique». Le Conseil de sécurité a lancé lui aussi un appel à l'arrêt des violences et à un «processus de transition démocratique».Dans un communiqué, il a appelé les deux parties à «rejeter la violence». Saleh, qui a autorisé son vice-président à négocier une sortie de crise avant de revenir à Sanaâ au moment où personne ne l'attendait, va-t-il accepter de travailler à un accord négocié ? Une partie de la réponse à cette question a été donnée hier soir dans son discours à l'occasion de l'anniversaire de la révolution du 26 septembre 1962, qui a renversé l'imamat et instauré la république.