Inscrit sous le thème «mieux comprendre la violence», un séminaire portant sur la violence à l'égard des femmes s'est tenu hier au siège de l'Institut national de la santé publique (INSP) à Alger. L'objectif de cette rencontre est de sensibiliser la société civile, le mouvement associatif ainsi que les services concernés sur l'ampleur prise par ce phénomène dans notre société. Dans ce contexte, le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDEF), a mis en place un projet permettant de réunir les cas de violences contre les femmes identifiées au niveau des différents centres d'écoute. «L'intérêt de ce projet, a expliqué Nadia Ait Zai, avocate et présidente du CIDEF, est de valoriser le travail d'écoute à travers des enregistrements sur les cas de femmes qui font appel au centre». En 2005, une enquête nationale sur les violences à l'égard des femmes a fait ressortir 9000 cas enregistrés au niveau de la justice, de la police ou des services de santé. En 2007, une enquête de prévalence a été réalisée auprès de 2000 femmes elle a abouti à cette conclusion : «La prise de conscience reste limitée et un certain déni subsiste alors que très peu d'organismes sont mobilisés pour apporter une aide aux victimes», a précisé Mme Zai. Intervenant à l'occasion de cette rencontre, Marie-France Grangaud a présenté les premiers résultats du réseau «BALSAM» comprenant 8 centres d'écoute des femmes violentées répartis à travers le territoire national. Ainsi, à la fin juin 2009, les comptes rendus d'écoute font ressortir un échantillon de 3500 cas de femmes violentées. 3% de ses femmes sont âgées entre 15 et 19 ans, 12% entre 20 et 24 ans, 27% plus de 29 ans et 49% plus de 34 ans. Selon Mme Grangaud, les femmes victimes de violence ayant fait appel aux centres, sont en très grande majorité instruites. 50% ont un niveau secondaire ou universitaire, 23% un niveau moyen, 18% n'ont pas dépassé le cycle primaire alors que 10% ne sont pas instruites. Les femmes actives représentant 6% alors que 4% dites cadres supérieurs subissent des violences. 32% des cas ont été localisés à Alger, 24% à Tizi Ouzou, 23% à Constantine et 5% à Annaba. L'enquête menée par le réseau «BALSAM» indique que l'agresseur type est un homme, marié et âgé entre 40 et 45 ans ayant un niveau d'instruction moyen. 75% des cas de violences sont accomplis par le conjoint, 13% par le frère, 14% par le père et 11% par l'ex-mari. Pour sa part, Fadhila Chitou, représentante du Réseau Wassila, a exhorté les femmes violentées à porter pour que des poursuites soient engagées contre leurs agrsseurs. «Les centres d'écoutes téléphoniques offrent une aide en garantissant l'anonymat et sont encadrés par des psychologues et juristes à même d'assurer un suivi et une prise en charge», a t-elle assuré.