Le Pakistan a été frappé, hier, par trois nouveaux attentats. Le premier a visé un poste de contrôle à proximité d'une importante base aérienne à 80 km à l'ouest de la capitale Islamabad tuant sept personnes. Quelques heures plus tard, une voiture piégée a explosé devant un restaurant de Peshawar, faisant au moins deux morts et huit blessés. Ensuite une mine a explosé dans les zones tribales et a causé la mort de dix- huit personnes qui allaient participer à un mariage dans les zones tribales pakistanaises dominées par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP) contre qui Islamabad a lancé, samedi dernier, une offensive dans le Waziristan du Sud. Mais l'opération terrestre baptisée «Chemin de la délivrance», appuyée par des bombardiers, des hélicoptères d'attaque et des tirs d'artillerie lourde, se heurte à la résistance des talibans car, même si l'armée pakistanaise prépare depuis de longs mois cette quatrième offensive, depuis 2004, cela a également laissé le temps aux hommes de Hakimullah Mehsud de se retrancher. Le chef de guerre du TPP commande environ 10.000 talibans pakistanais, épaulés par un nombre indéterminé de combattants étrangers contre environ 30.000 militaires qui sont engagés au sol dans cette opération qui a fait plus de 160 morts a(142 rebelles et 20 soldats ont été tués) tandis que plus de 170.000 civils ont fui la région. Et puisque l'insécurité règne dans tout le pays, plusieurs millions d'élèves et d'étudiants sont consignés chez eux cette semaine. Tous les établissements scolaires ont été fermés par crainte de nouveaux attentats après celui de mardi dernier qui a causé la mort de cinq étudiants à l'université internationale islamique d'Islamabad. Aussi nul n'est à l'abri. Jeudi dernier, le Général de brigade et Commandant adjoint de la Force de la Mission des Nations unies au Soudan (MINUS) Ahmed Moinuddin et un soldat pakistanais ont perdu la vie lors d'un attentat perpétré à Islamabad, où l'employé onusien était en congé. La flambée de violence (200 morts en 19 jours, 2 300 victimes depuis 2007) intervient au moment où l'offensive du Waziristan (160 éléments des talibans abattus), mobilisant 30 000 soldats pakistanais engagés au sol et appuyés par l'aviation, vise à l'éradication du mouvement insurrectionnel qu'Islamabad tente, sans trop de progrès jusque-là, de déloger de leur sanctuaire incrusté dans les zones tribales tout près de la frontière afghane. La bataille des frontières est jugée décisive pour remporter la victoire finale dans le «front afghan» érigé en priorité des priorités, gangrené par la crise des présidentielles en mal de crédibilité et de représentativité et en panne de stratégie adéquate. «Il nous faut une doctrine contre insurrectionnelle», a lancé le chef du Pentagone, Robert Gates, à l'issue d'une réunion à Bratislava avec ses collègues de l'Otan. Mais, cette profession de foi souffre de l'absence d'une volonté d'engagement et de la valse hésitation de Washington différent la réponse aux recommandations contenues dans le rapport de Mc Crystall, commandant en chef de l'Isaf. Il a proposé deux axes essentiels pour redresser la situation : primo, la protection des civils doit désormais primer sur la chasse aux talibans, secundo, la priorité doit être donnée à la formation d'une armée et d'une police afghanes capables de prendre le relais. A Bratislava, réunissant les ministres de la Défense de l'Otan, comme à Washington, la question est loin d'être tranchée.