Les menaces qui pèsent sur la stabilité et l'unité du Soudan inquiètent l'Union africaine. Le sommet du Conseil de sécurité de l'Union africaine qui s'est tenu jeudi à Abuja au Nigeria en présence de Abdelkader Messahel, le ministre de la Coopération maghrébine, représentant le président Abdelaziz Bouteflika, a fait siennes les trois recommandations du panel de hautes personnalités sur la crise du Darfour dirigé par Thabo Mbeki, l'ex-président sud-africain. Primo, création d'une cour de justice hybride. Elle sera composée de juges et d'enquêteurs indépendants étrangers qui seront associés à des juges et à des enquêteurs soudanais pour juger les auteurs des crimes au Darfour. Deuzio, création d'une commission Vérité, Justice et Réconciliation. Tertio, accélération des négociations pour aboutir à des conclusions avant les élections générales prévues avril 2010. Omar El Béchir, qui est dans le collimateur de la Cour pénale pour crimes dans cette province, applaudit et émet des réserves. «Recommandations justes», estime Osman Taha, le vice-président soudanais, annonçant l'engagement de son gouvernement à travailler avec l'UA pour régler le conflit au Darfour. Petit couac : il demande une clarification sur les cours hybrides. « De tels tribunaux hybrides risquent de créer un précédent pour d'autres crises sur le continent », dit-il. Mbeki et Alain Le Roy, le chef de la mission de maintien de la paix de l'Onu au Darfour, refusent toute concession. Pour eux, il appartient désormais au Soudan de mettre en œuvre les recommandations du panel adoptées par l'UA. Certaines immédiatement, selon Le Roy, pour relancer les efforts de Djibril Bassolé, le médiateur de l'ONU et de l'UA, appliquer l'accord de paix signé en 2005 pour le Sud-Soudan et espérer, à terme, un texte global pour l'ensemble du pays.