De notre envoyé spécial à Syrte Kamel Amghar Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a rallié hier en fin d'après-midi la ville libyenne de Syrte pour participer à la 13ème session ordinaire de la conférence des chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union africaine (UA) qui se tiendra du 1er au 3 juillet prochain. Le sommet du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) et le forum des membres du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP) figurent dans l'agenda du président algérien qui compte parmi les initiateurs et les acteurs majeurs de cette nouvelle dynamique du continent noir.Cette réunion au sommet est qualifiée «d'extrêmement importante» par le ministre algérien délégué aux affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, dans la mesure, a-t-il poursuivi, où «elle permettra aux chefs d'Etat qui représenteront l'Afrique au prochain G8, prévu au mois de juillet en Italie, de faire le point sur les préparatifs de leur participation a ce rendez-vous et de fixer leurs priorités dans cette même perspective». La crise économique mondiale et ses conséquences désastreuses sur l'Afrique, le dérèglement climatique et ses implications néfastes sur le développement du continent noir, le terrorisme et les menaces qui pèsent sur la stabilité régionale et internationale figureront sur cette feuille de route, a-t-il laissé entendre au cours d'un point de presse avec les journalistes algériens. L'importance de l'investissement agricole dans la sécurité alimentaire et la croissance économique, thème central de cette 13ème session des instances africaines, a été soumis ces trois derniers jours à un examen approfondi par les experts et les ministres réunis pour les travaux du 15ème conseil exécutif de l'Union dont les travaux s'achèveront dans la soirée d'aujourd'hui.Au cours de la même rencontre avec les médias nationaux, Abdelkader Messahel a mis l'accent sur la pertinence et la priorité de la thématique retenue. «Les potentialités agricoles de l'Afrique, où 80% de la population vit de l'agriculture, sont énormes. Les ressources hydriques existent en quantité. Il convient d'exploiter et de rentabiliser au mieux ces atouts stratégiques pour booster la croissance économique et l'émancipation sociale des Etats et peuples d'Afrique», a-t-il déclaré en substance, soulignant au passage les besoins alimentaires croissants du continent et sa dépendance contreproductive des marchés internationaux. Reprenant les conclusions des ateliers consacrés à ce sujet, M. Messahel a réitéré la nécessité qu'il y a aujourd'hui à revoir de nombreuses questions comme les modalités de financement du secteur, l'amélioration des techniques de production, la modernisation de la technologie agroalimentaire, l'encouragement de l'intégration africaine en la matière et la promotion des exportations. Des points qui seront inscrits dans les résolutions sur lesquelles se pencheront les chefs d'Etat dans les trois prochains jours. Les conflits et l'instabilité chronique qui rangent de nombreux pays africains étaient également au centre des débats. La Somalie, le Darfour (Soudan), Madagascar, la Mauritanie, la Guinée Bissau et les réseaux transnationaux de trafic de drogue et leur collusion avérée avec le terrorisme étaient, entre autres, autant de sujets de préoccupation. Le développement, étant tributaire de la paix, les membres du conseil exécutif de l'UA renouvellent conséquemment leur engagement partagé en faveur de la sécurité et la stabilité dans les régions touchées par ces fléaux destructeurs. Une épineuse problématique sur laquelle le sommet aura également à se prononcer. Sur cette question précise, le président de la commission de l'UA, le Mozambicain, Jean Ping, s'est cependant réjoui des avancées réalisées sur certains dossiers brulants comme le retour progressif à la légalité constitutionnelle en Mauritanie grâce à la médiation sénégalaise et les prémices d'une possible transition pacifique en Guinée Bissau. Dimanche dernier, à l'ouverture des travaux du conseil exécutif de l'UA, le guide libyen Mouammar Kadhafi est revenu à la charge avec son initiative des Etats-Unis d'Afrique en plaidant pour «la création d'un gouvernement fédéral africain, appelé à jouer le rôle d'instrument d'exécution des décisions arrêtées par les Sommets». Proposition qui reste cependant tributaire de la stabilité et du degré d'intégration des économies nationales.