Le compromis sur le partage du pouvoir n'a pas trop longtemps tenu. Huit mois à peine après la signature de l'accord de réconconciliation, parrainée par la SDAC (communauté de développement de l'Afrique australe), le compromis sur le partage du pouvoir n'a pas trop longtemps tenu. Entre le président Robert Mugabe, accroché aux rênes du pouvoir, et son Premier ministre Morgan Tsvangirai suspendant tout contact avec le camp d'en face, le clash inévitable a renoué dans un climat délétère avec la logique de tensions et de confrontation. Des désaccords ont surgi sur le mode de gouvernance portant notamment sur la nomination de hauts responsables et l'affectation des fonds alloués par la communauté internationale. Mais, à la mi-octobre, la décision de remise en détention du vice-ministre de l'Agriculture, Roy Bennet, constitué la goutte qui a fait déborder le vase de son trop plein de ressentiment et de luttes de leadership interminables. Plus rien n'y allait plus entre le président inamovible jugé «indigne de confiance» et son ambitieux rival accusé de «malhonnêteté».Le retour à la case de départ a justifié une intervention opportune de la SDAC dépêchant, dès la semaine dernière, une troïka présidée par le Mozambique et constituée du Swaziland et de la Zambie pour tenter d'apaiser la situation et de réanimer l'accord régional. Au chevet de l'homme malade de l'Afrique australe, la SDAC, conforté par l'existence d'un engagement «très fort», se prépare à tenir son conclave à Maputo «dès que possible» sans savoir «rien de plus pour l'instant», selon le ministre mozambicain des Affaires étrangères, Oldemiro Baloi. A la veille de ce sommet de toutes les urgences, le déplacement à Harare du président en exercice, le Congolais Joseph Kabila, a pour mission essentielle de sortir le gouvernement d'union nationale de l'impasse politique et de préserver les chances de normalisation pour éviter de renouer avec le cycle de la violence qui a durement sévi.