Plusieurs enseignants que nous avons croisé au campus central, nous ont fait part de leur indignation et de leur inquiétude, estimant que l'absentéisme injustifié des étudiants s'aggrave d'année en année. Un mois après la rentrée officielle à l'Université Mentouri, début octobre, les couloirs et les salles de cours sont à moitié vides. Pourtant, ce n'est ni une grève ni encore l'absentéisme des enseignants qui sont en cause, mais bien un curieux comportement des étudiants qui est à l'origine. Dans tous les départements, on a plaqué aux murs les plannings du premier semestre, l'administration fait son boulot tant bien que mal (même si dans certains départements, les délibérations de rattrapages se sont faits il y a seulement quelques jours), les enseignants sont présents, mais les étudiants ratent les cours. A ce propos, plusieurs enseignants que nous avons croisé au campus central, nous ont fait part de leur indignation et de leur inquiétude, estimant que l'absentéisme injustifié des étudiants s'aggrave d'année en année. Il est 13h, nous sommes devant l'entrée des amphis du bloc des sciences, il y a certes foule mais les bancs sont vides : «Ils ont eu plus de trois mois de vacances et apparemment ça ne leur suffit plus. Ils rodent à longueur de journée dans les couloirs et dans les recoins de la fac, mais ils ne veulent pas entrer en cours. Cela m'inquiète d'autant plus que c'est de plus en plus fréquent et c'est entrain même de se banaliser» s'est désolé une enseignante de chimie. Il est vrai que le phénomène a de quoi inquiéter l'administration et le corps enseignant de l'université, car du côté des étudiants, même les nouveaux bacheliers s'y mettent aussi, on l'a constaté dans les classes de premières années de biologie par exemple. Et si les cours reprendront normalement en ce début de novembre, il faut savoir qu'il ne restera qu'un mois et demi pour assurer les cours avant les vacances d'hiver. Une situation pour le moins contraignante pour les enseignants, car comme nous l'explique un professeur de biologie, les retombées sur les programmes se feront sentir en fin d'année : «Depuis trois ou quatre ans c'est toujours le même scénario qui se répète. Les étudiants s'absentent en début de semestre et c'est à nous de reprendre les cours pour les retardataires. Mais l'autre hic, c'est que nous serons dans l'obligation d'accélérer le programme pour finir à temps, c'est vraiment anti-pédagogique, pour les enseignants et pour les étudiants eux mêmes». A première vue, ce retard reste inexpliqué, c'est pourquoi nous avons tenté d'en savoir plus auprès des concernés : les étudiants. Et surprise ! Ces derniers dans leur majorité nient les faits, et accusent plutôt les enseignants. En posant la question à trois jeunes filles qui grignotaient des sandwichs devant l'entrée du bloc des lettres, elles ont répondu : «nous avons fait un tour le matin et il n'y a rien, pas d'étudiants donc pas de cours». Tout est apparemment clair pour elles, c'est presque un effet de mode, si les autres boudent les salles de cours, alors nous aussi on fait de même. Toutefois, il y a une autre raison qui explique ce problème. Certains étudiants qui, en plus de leurs études ont un boulot à temps partiel. Commerçants pour certains, téléopérateurs dans un centre d'appel pour d'autres, ou bien simple vendeurs. Ils sont de plus en plus nombreux à opter pour cette formule qui nous est venue des pays européens. Mais répartir son emploi du temps, s'avère chaotique pour bon nombre d'entre eux, généralement ils choisissent de sacrifier le temps réservé aux études. Résultat : ils ne viennent pas et attendent les contrôles pour se manifester. Entre temps, la majorité des enseignants assurent sérieusement les cours, même si les classes sont à moitié vides «J'ai commencé les cours il y a déjà quelques semaines, et je vais faire les TP cette semaine, tant pis pour les retardataires» nous confira l'enseignante de chimie.