Devant l'ampleur des accidents de la route, le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs a organisé hier à Alger deux conférences sur la sécurité routière et la prévention. «Conduire, c'est bien se conduire», affirme dans son intervention le Dr Saïd Ayadi, professeur en sociologie de l'université de Blida pour qui une telle hécatombe est la conséquence «du comportement négatif du conducteur qui n'arrive pas à comprendre l'espace dans lequel il se trouve et la non-adaptation de son outil (la voiture) avec cet espace». Pour le Dr Ayadi, «l'équation est simple, chaque accident correspond à une infraction du code de la route et un non-respect de l'autre». Se basant sur des chiffres du Centre national de prévention et de sécurité routières, il a fustigé le comportement de l'automobiliste qui reste le facteur principal (89,90 %) des accidents. Ces derniers surviennent essentiellement entre 4 heures du matin et 9 h et entre 13h-18h. Les statistiques du Centre démontrent aussi que les sinistres surviennent à quelques minutes de l'iftar et du s'hour en période de Ramadhan. Dr Ayadi estime qu'il est essentiel d'éduquer et de trouver une autre formule pour punir les responsables des accidents que d'user de contraventions ou d'emprisonnement. «Car depuis 1987, l'Algérie a adopté plusieurs lois dont celle de 2004 qui est très sévère sans pour autant faire baisser le nombre des accidents». Mohamed Filali, officier de police, a, de son côté, convié les imams à «faire du minbar un haut lieu de sensibilisation contre les accidents de la route». Une occasion pour lui de relever le comportement de certains fidèles qui, «en allant à la mosquée, se garent n'importe comment, ne se souciant ni d'autrui ni de la circulation». «Faire sa prière dans une mosquée est une chose et respecter le code de la route et du stationnement en est une autre», précise-t-il. Selon lui, l'implication des imams dans cette sensibilisation est un appui aux différentes campagnes menées, notamment celle qui vise les enfants. «Inculquer aux enfants, à un âge où ils sont particulièrement réceptifs, les règles élémentaires de sécurité, c'est en faire des conducteurs respectueux du code de la route. Ces enfants peuvent aussi influencer et sensibiliser leur parents à l'importance du respect du code de la route, avec comme finalité contribuer à la baisse du nombre d'accidents sur les routes algériennes». La bataille reste de mise quand on sait que comparativement à l'année 2007, l'année 2008 a enregistré une hausse de 3,77 %. Soit 1471 accidents de plus qui ont fait 245 morts de plus qu'en 2007.