Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«Il est temps de revoir l'organisation de la sécurité routière» Le commandant Amar Kara, lors du lancement de la campagne sur les dépassements dangereux :
«Il est temps de revoir toute l'organisation de la sécurité routière en Algérie, de mettre en place une véritable politique nationale de sécurité routière… Nous sommes très loin de ce qui se fait ailleurs dans le monde», lance, sur un ton grave, le commandant Amar Kara, de la Gendarmerie nationale, lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Une conférence organisée par le Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR) pour l'annonce du lancement d'une campagne nationale de sensibilisation sur les conséquences des dépassements dangereux. Cette manifestation, qui a pour slogan «le dépassement dangereux, un dépassement contre la vie», durera jusqu'au 15 septembre prochain. Elle a pour principal objectif d'attirer l'attention des conducteurs sur les conséquences des dépassements dangereux, assez fréquents durant cette période estivale, et qui sont classés en deuxième position des causes directes des accidents de la route, juste après l'excès de vitesse. Le commandant Kara estime que toutes les mesures de prévention et de répression prises jusque-là ne suffisent pas pour juguler ce phénomène, même le retrait massif des permis de conduire : «Nous devons aller à plus de répression. Nos conducteurs sont sages devant les barrages de police ou de gendarmerie mais dès qu'ils les franchissent, ils retournent à leurs anciennes habitudes. C'est typiquement algérien.» Revenant sur ce problème de dépassements dangereux, le commandant de la gendarmerie précise que ces derniers sont souvent liés à un excès de vitesse. Ce qui fait qu'ils deviennent mortels. «Le choc est tellement violent qu'il y a souvent des morts et des blessés graves.» Interrogé justement sur l'augmentation du nombre de morts et de blessés graves (+7,25% de morts et +7,17% de blessés, entre le 1er semestre 2007 et le 1er semestre 2008), alors que celui des accidents était en baisse (-0,81%), le directeur général du CNPSR, M. El Hachemi Boutalbi, conforte les dires du précédent interlocuteur : «C'est dû surtout à la violence du choc.» Il ne s'agit pas toutefois de la seule et unique raison : «L'autre raison en est que les transports en commun sont de plus en plus impliqués dans ces accidents : les bus de voyageurs, les bus scolaires… et les taxis. La vétusté de ces véhicules a sa part de responsabilité dans la survenue de ces accidents.» Et M. Messaoud Nasser du ministère des Transports d'apporter la précision suivante : «Le dépassement est permis mais à condition de respecter certaines règles. Malheureusement pour nous, comme nous avons pu le constater sur le terrain, 90% de ces dépassements ne sont pas règlementaires. De plus, ils sont souvent liés à un excès de vitesse. Ce qui les rend dangereux.» Le représentant du ministère des Transports dément les informations faisant état d'une éventuelle révision du code de la route, encore moins celles qui évoquent l'annulation prochaine de la mesure de retrait du permis de conduire : «Nous n'avons rien décidé au niveau du ministère. Faisons d'abord un bilan d'étape.» M. Messaoud, qui réagit avec énergie, estime lui aussi que «les mesures prises jusque-là ne sont pas suffisantes. Il y a beaucoup de problèmes. Il appartient aux pouvoirs publics de les régler». Le représentant du ministère des Transports parle de la congestion de la capitale, de la présence de nombreux points noirs (à l'entrée de l'hôpital Mustapha, à l'entrée de l'hôpital Maillot, du port d'Alger… et d'autres qui sont dus à la centralisation des administrations publiques dans la capitale. Plaidant pour la suppression de ces points noirs, l'orateur suggère de «prendre notre courage à deux mains pour décentraliser les administrations publiques, les services de santé, créer des parkings géants… de façon à diminuer le trafic dans la capitale et, partant, réduire au maximum le nombre d'accidents et leur gravité». Pour ce qui est des auto-écoles, dont la qualité de la formation est décriée par beaucoup, les présents à la conférence d'hier jugent nécessaire de «revoir le fonctionnement de cette institution». Le commandant Kara appelle à la mise en place d'une politique nationale de formation identique pour toutes les écoles. Tout comme «il est nécessaire de créer un centre national du permis de conduire et de soumettre l'ouverture des auto-écoles à un cahier des charges».
K. M.
1 968 morts et 29 200 blessés durant le premier semestre de l'année en cours Des accidents de la route toujours en hausse, avec toujours plus de vies fauchées dans un enchevêtrement de ferraille. Les chiffres communiqués par le Centre national de prévention et sécurité routières (CNPSR) sont inquiétants tant le nombre de victimes ne cesse de croître. Au cours du premier semestre de l'année en cours, il a été enregistré 18 775 accidents, ce qui place l'Algérie au 4ème rang à l'échelle mondiale. Ces accidents ont fait 1 968 morts et 29 200 blessés au cours de la même période. Pour 90,61% de ces accidents, le facteur humain est l'une des causes principales, selon le CNPSR qui indique que 4 076 accidents sont dus à l'excès de vitesse. Le bilan du CNPSR fait ressortir que, sur les 18 775 accidents de la route, 8 512 ont été enregistrés dans des zones urbaines et 10 263 dans des zones rurales.