Chaque jour, onze nouveaux morts sont enregistrés dans des accidents de la route. Alarmant, effrayant, des chiffres qui donnent froid dans le dos, ces routes qui tuent, ces fous du volant... tous les termes et expressions ont été épuisés pour qualifier le terrorisme routier et la violence routière qui hantent les routes algériennes. Campagnes de prévention routière, lois répressives, rien n'y fait. Une fatalité? Une malédiction? La salle de conférence, de la Maison de la presse Tahar Djaout, a accueilli, hier, une conférence de presse dans le cadre de la Semaine arabe de prévention routière. La huitième du genre organisée sous l'égide du ministre des Transports. Elle a été animée par le directeur général du Centre national de prévention routière, M.Hachemi Boutalbi. MM.Salem Salhi, Messaoud Nacer, tous deux directeurs au ministère des Transports ainsi que M.Tatachek Mohamed de la direction générale de la Sécurité nationale chargé de la prévention civile. «Nous comptons énormément sur la collaboration de la presse et des médias, en général, qui seront, à n'en pas douter, l'élément déclencheur de cette opération pour conduire au succès et développer une politique plus agressive en matière de prévention et de sécurité routières», a déclaré à l'ensemble des journalistes, le directeur général du Centre national de prévention routière. La situation est loin d'être reluisante. En effet, les chiffres sont là. La malédiction qui s'abat sur nos routes est due essentiellement au non-respect du code de la route, à l'état des routes, mais aussi à celui des véhicules. Vitesse, alcool au volant, ignorance des règles élémentaires de conduite... Bref, il n'existe pas de culture de prévention routière en Algérie. Et on le paie cher. Les routes algériennes font plus de 4000 morts par an. Le nombre d'accidents, en 2006, à travers tout le territoire national a atteint 40.885, dont 16.962 en zone urbaine. Ces accidents ont engendré 60.120 blessés alors que 4120 personnes y ont trouvé la mort. 409 tués de plus qu'en 2005. Une augmentation qui se chiffre à 11,09%. Une fatalité allant crescendo puisque rien que pour le premier trimestre de l'année en cours, il a été enregistré 861 morts dans 8993 accidents, selon le Cnpsr. Le coût de cette catastrophe est estimé à 100 milliards de dinars chaque année. Comment mettre fin à cette violence routière? L'Etat qui a pris conscience de la sécurité des citoyens, quant aux dangers de la route, a modifié la loi 09/87 du 10/02/1987 qui a été jugée inaccessible à tout le monde par sa complexité rédactionnelle. Elle a été modifiée et complétée par la loi 16/04 du 10/11/2004 plus répressive et dont la sévérité de son application a été jugée nécessaire. Amendes rigoureuses, obligation du port de la ceinture de sécurité, interdiction de l'usage manuel du téléphone portable durant la conduite, conduite en état d'ivresse et l'obligation du contrôle technique, sont autant de sanctions qui sont vigoureusement renforcées. Pourtant rien n'a changé. Les routes tuent toujours. La vigilance qu'elle a entraînée de la part des conducteurs est vite retombée. Interventions pour récupérer les permis qui ont fait l'objet de retrait, contrôle technique de complaisance...Sur ce registre, Nacer Messaoud a affirmé que le ministère a procédé récemment «au retrait d'agréments à six agences ayant établi de faux procès-verbaux». Une décision très en retard du fait que les dossiers relatifs à leur fermeture végètent depuis le mois de mars 2006 dans les tiroirs du ministère. La Semaine arabe de prévention routière, qui se déroulera du 4 mai au 8 juin sous le générique «Conduite sans accidents», sera axée sur le respect des règles de la circulation et il sera fait appel à différents départements ministériels et aux services de sécurité, la gendarmerie, la Protection civile, les associations pour une plus grande sensibilisation des citoyens.