La période ottomane en Algérie a débuté en 1519 pour se terminer en 1830. C'est sur ce thème qu'à été donnée une conférence à l'hôtel Safir en fin de semaine dernière. Contrairement à la colonisation française qui a voulu détruire l'existence de la culture algérienne, la vie traditionnelle et culturelle du pays n'a pas été altérée sous la période ottomane. La langue arabe était en usage et les érudits algériens prodiguaient leur savoir dans les sciences, les lettres, la sociologie, la théologie et le droit. La langue turque, différente de celle d'aujourd'hui, s'exerçait dans le domaine commercial ou administratif. Les Ottomans étaient venus en Algérie, répondant à l'appel de ses habitants. Ils devaient les secourir contre l'Espagne, un des pays les plus puissants de l'époque avec l'Angleterre. Cependant les Ottomans voulaient régner sans partage après leur victoire. Ils ont vite fait, dans cette voie, de destituer le roi d'Alger. Si jusqu'au début du XIX° siècle l'Algérie gardait des attaches plus ou moins solides avec la Porte sublime, ses habitants devenaient de plus en plus autonomes, prenant leurs distances de Istambul et affirmant leur propre culture et identité dans un Etat reconnu par une grande majorité de pays. La présence des Ottomans n'a pas altéré les coutumes et les traditions ancestrales du pays. Dans cette optique, comme le relate, le témoignage d'un écrivain portugais, l'Algérie a connu un âge d'or sans précédant dans les années du XVIIIe siècle, à partir de 1750. C'est ainsi qu'Alger, devenue une ville très importante du bassin méditerranéen en comptant des dizaines de milliers d'habitants, était particulièrement florissante. Les revenus de la course ont d'abord assuré sa prospérité. Ce furent ensuite les exportations de blé. L'Algérie fournissait en céréales et au prix fort, les pays de la rive nord de la Méditerranée et bien au delà. C'est cette aisance économique, à l'image des pays occidentaux d'aujourd'hui, qui a été l'aimant attirant bon nombre d'Européens. Convertis à la religion musulmane, certains graviront rapidement les échelons de la vie sociale pour occuper les sommets de la hiérarchie. Comme source historique de cette période bénie, le professeur El Menouar Merouche cite encore le témoignage de ce même écrivain portugais, rapportant les richesses accumulées par des habitants d'Alger, possédant des fermes gigantesques avec des centaines d'employés et des milliers de têtes de bétail. Pour sa défense maritime, Alger comptait une flotte de navires de guerre totalisant plus de mille canons. Le bien être économique a commencé à péricliter à la fin des guerres napoléoniennes, quand la demande de blé a cessé. Ce fut la période facile pour l'invasion française en 1830 et cela, d'autant plus que l'empire ottoman se désagrégeant, ne pouvait plus venir militairement à l'aide de l'Algérie. Le professeur El Menouar Merouche âgé aujourd'hui de soixante dix sept ans est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la période ottomane en Algérie.