Rencontre La conférence s?est déroulée en trois temps. D?abord, les racines. Ensuite, la période coloniale. Enfin, l?Algérie d?aujourd?hui. «Regards croisés sur l?Algérie et sa culture millénaire» était le thème d?une conférence au Palais de la culture. Ont animé cette rencontre sur l?histoire et la mémoire de l?Algérie Abderrahman Khelifa, archéologue et chef du département du patrimoine, Jean Caron, philosophe, agrégé de l?université, et Pierre Stragiotti, géographe, agrégé de l?université et chargé de cours à l?Institut d?études politiques de Paris. Jean Caron a tenu à préciser l?important rôle de l?archéologue et l?apport de l?archéologie à l?histoire. Il dit : «Le travail de l?archéologue est un travail profond et plein de sens, lorsqu?on creuse, l?on trouve des routes, des chemins, tous convergent vers un point de rencontre ; ces chemins nous permettent de remonter dans l?histoire et de nous rencontrer, ils nous permettent aussi de construire en profondeur un respect mutuel.» Et d?ajouter : «Quand on parle de la mémoire algérienne, on parle du Tassili. L?Algérie porte la marque de la présence de l?homme avant l?écriture.» A ce sujet, Abderrahman Khelifa raconte que «l?Algérie est vieille de deux millions d?années. L?Algérie était considérée comme le berceau de l?humanité, avant la découverte de Lucie en Ethiopie.» Le Tassili, isolé, silencieux, secret, recèle en effet la mémoire, l?histoire de l?Algérie, une Algérie ancrée dans l?Afrique, mais aussi ouverte sur le Nord, la Méditerranée, l?Europe, elle s?inscrit dans un contexte maghrébin et orienté vers l?Orient. L?Algérie est au croisement d?influences culturelles diverses, elle est une tresse d?histoire, un trait d?union entre le Sud et le Nord, entre l?Orient et l?Occident. Les conférenciers ont, tour à tour, retracé l?histoire de l?Algérie, de ses origines à nos jours, en passant par l?Antiquité et le Moyen-Age, par la période ottomane et l?époque coloniale, en terminant par l?Algérie indépendante contemporaine. Jean Caron insiste sur le fait que l?Algérie constitue un ensemble de strates, toutes témoignent de la continuité. Quant à Pierre Stragiotti, il a abordé la spatialité en déclarant : «L?Algérie, avant la colonisation, était un pays de l?intériorité, c?était l?espace intérieur qui comptait, même l?urbanisation était architecturée de façon à développer un espace intérieur ; celui-ci apparaît dans la façon dont les Algériens construisaient leurs maisons, leurs villes.» Cependant, l?espace géographique, donc urbain, s?est heurté à la domination coloniale, à la présence française. «L?espace algérien va être bouleversé, géographiquement remodelé. L?aspect de la ville va changer avec l?occupation française. Une ville européenne s?est développée à côté de la médina», ajoute Pierre Stragiotti. Au lendemain de l?indépendance, l?Algérie cherche à se valoriser, à se redéfinir, à qualifier les anciens habitats. «Quel espace construire pour les nouvelles sociétés ?» «Comment se construire dans la modernité sans se dépouiller de son identité ?» La conférence, organisée par BDO Gendrot-Eldjama Réseau mondial d?Audit et Conseil, s?est voulue un lieu de découverte et de partage. «Nous voulons porter un autre regard sur l?Algérie par le biais de la culture, car la culture est un moyen de transcender les différences», déclare Michel Triballeau, vice-président du conseil de surveillance de BDO Gendrot, ajoutant : «Nous nourrissons le désir de nous regarder, de nous connaître, de nous mettre l?un en face de l?autre, pour communiquer, discuter, partager, et ce, dans un objectif commun.»