Barack Obama lèvera ce soir le voile sur la stratégie qu'il a retenue pour «finir le boulot» américain en Afghanistan, un pays en proie à une insurrection revigorée des talibans. Après des mois de suspense entrecoupés de neuf «conseils de guerre» à la Maison-Blanche, il annoncera depuis la mythique West Point, l'envoi de renforts à Kaboul et les détails sur un calendrier de retrait de ses troupes américaines d'Afghanistan. Aux 68.000 GIs qui se trouvent sur le sol afghan aux côtés des 42.000 militaires des pays alliés, Obama compte envoyer dans l'immédiat un renfort de 9000 Marines dans la province du Helmand devenue une base des taliban. Ces renforts qui pourraient atteindre 34 000 hommes durant les 12 à 18 mois à venir, soit quasiment le même nombre que celui demandé par le général Stanley McChrystal, le commandant en chef des forces américaines et alliées en Afghanistan (40.000 soldats), pourraient être déployés au rythme d'une brigade (entre 3 500 et 5 000 hommes) par trimestre, à partir du printemps. 974 instructeurs militaires seront envoyés aussi pour former l'armée afghane. « D'ici février 2010 » selon le Post. Nous en sommes à la neuvième année de nos efforts en Afghanistan, nous n'allons pas rester encore huit ou neuf ans », déclare M. Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche. La Grande Bretagne, la grande alliée ne compte pas rester les bras croisés. Gordon Brown compte porter à 9.500 le nombre de Britanniques en Afghanistan. Selon son bureau ce renfort de 500 hommes dépend de la promesse du président Hamid Karzaï de lutter contre la corruption. L'Italie est prête selon Franco Frattini, son ministre des Affaires étrangères, à fournir une « contribution supplémentaire » car « l'Afghanistan est un test pour la crédibilité de l'Alliance atlantique ». Faute de moyens et surtout de convictions, les alliés européens de Washington, à l'exception de la France qui refuse d'engager dans le bourbier afghan, un « soldat de plus », promettent d'apporter leur contribution. Un chiffre a été avancé : 5000. Les analystes expliquent ce «timide» chiffre par l'absence chez les Européens d'un « sens à ce conflit » et d'un quelconque appui à une réélection, marquée par la fraude, du président afghan qu'ils dépeignent comme « un syndicat criminel déguisé en gouvernement ». Pour préserver l'avenir, tous les européens, y compris les français, disent attendre les résultats de la conférence internationale sur l'Afghanistan, le 28 janvier à Londres, pour trancher. Obama semble pressé. Il a chargé Hillary Clinton, sa secrétaire d'Etat de plaider sa cause à la réunion des 28 ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, prévue les 3 et 4 décembre à Bruxelles. Elle leur demandera 10 000 hommes. Faute de combattants européens, les Etats-Unis comptent impliquer une douzaine d'Etats qui ne sont pas même pas membres de l'OTAN, comme la Géorgie qui a déjà près de mille personnes sur place, ou encore la Corée du Sud. Selon un sondage Gallup, 55% des Américains désapprouvent la conduite de la guerre menée par leur président et le Congrès, il s'inquiète du coût du conflit en période de crise économique : l'envoi d'un seul soldat est évalué à 1 million de dollars par an. Certains parlementaires envisagent de lever un «impôt Afghanistan». Joe Biden, son vice-président et Karl Eikenburry, son ambassadeur à Kaboul, sont contre tout renfort. Pour eux, ces renforts ne serviront à rien tant que le Président afghan Hamid Karzaï n'a pas réglé le problème de la corruption qui gangrène le pays.