« Une troïka européenne sera prochainement à Alger pour réitérer son soutien au leadership de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, une région dont nous avons intérêt à ce qu'elle soit stable», annonce M. Rezag Bara, un conseiller à la présidence de la République. Le Vieux Continent ne sera pas le premier à donner ce «rôle de pivot avec un rôle primordial à jouer» à l'Algérie. Le commandant du commandement militaire américain pour l'Afrique, le général William E. Ward, en visite à Alger la semaine passée, l'a fait. Il a salué le rôle de l'Algérie dans la stabilité, la sécurité et la lutte contre le terrorisme dans la région. Bien avant le général Daniel Benjamin, coordinateur pour l'antiterrorisme au département d'Etat et Selon John Carson, sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires africaines ont salué le rôle joué par l'Algérie pour «étrangler» les cellules terroristes qui activent dans certaines zones du Maghreb et du Sahel et reconnu que ces «tueurs» qui tirent leur financement principalement des rançons, ne peuvent «sérieusement menacer des gouvernements ou la stabilité régionale». L'intérêt classique des Européens et des Américains, depuis le 11 septembre 2001, pour le Sahel, cet espace qui regorge de matières premières (phosphate, or, uranium, fer, manganèse, zinc, cuivre, diamant, charbon, pétrole, gaz etc) sur ses 6 millions de km2 est relancé de plus belle. MM Saoud Salah et Salem Berkouk, deux enseignants de l'Institut des sciences politiques d'Alger ont tenté de répondre hier au regain de cet intérêt pour une région que personne ne veut voir devenir un sanctuaire pour les terroristes, au Centre des études stratégiques d'El Chaâb. Même s'ils ont des approches divergentes sur cette région qui abrite les populations parmi les plus pauvres du monde et des réponses différentes quand il s'agit de situer l'adresse des intérêts du pays dans cette rivalité entre «civilisés», les deux conférenciers ont insisté sur un fait : la sécurité de l'Algérie, notamment de son flanc Sud, dépend de celle du Sahel. « Nous sommes concernés par la paix dans le Sahel », affirme M. Saoud insistant sur la corrélation sécurité collective, respect des droits de l'homme et le partage des rôles entre les Américains et les Français pour gérer le Sahel sans les autres puissances. Notamment la Chine et la Russie. Cette approche est battue en brèche par plusieurs intervenants. M. Berkouk qui a rappelé la «promesse» de Bill Clinton de mettre fin aux chasses gardées en Europe, pense que la France joue dans son pré-carré traditionnel qu'elle cherche à élargir au Sahel avec l'appui de certains dirigeants, son statut de puissance politique et militaire dans l'Union européenne. «Sans l'Afrique, le développement de la France est compromis», disait Foccart, le père de la Françafrique. Cette vérité les Américains semblent l'avoir comprise. Ils comptent tirer 25%, voire 35% de leurs ressources énergétiques stratégiques nécessaires d'Afrique à l'horizon 2025.