- Entre 200.000 et 300.000 travailleurs touchés par le relèvement du SNMG. - 90 milliards de dinars pour couvrir les incidences de l'augmentation de 25 % du SNMG. A la fin des travaux de la 13e Tripartite, le Premier ministre Ahmed Ouyahia est revenu en détail sur les décisions découlant des pourparlers enclenchés avec les partenaires sociaux qui se sont déroulés non-stop durant plus de 15 heures. Lors d'une conférence de presse, M. Ahmed Ouyahia a indiqué que la revalorisation du SNMG à 15.000 dinars touchera entre 200.000 à 300.000 travailleurs. Même si le chiffre s'avère minime, l'impact de cette revalorisation est important, souligne le chef de l'exécutif, expliquant que le SNMG constitue un paramètre de référence dans plusieurs calculs des salaires et également des pensions des retraités. « Vu son impact sur les pensions des retraités, de celles des moudjahidine et ayants-droit et d'autres, nous dirons que le nouveau SNMG touchera des milliers ». L'augmentation de 3000 DA du SNMG engendrera une incidence financière de près de 90 milliards de dinars annuellement, précise M. Ouyahia avant d'ajouter que l'employeur qui n'appliquera pas cette augmentation sera « en violation de la loi ». Celle-ci s'ajoutera à l'enveloppe financière de l'ordre de 140 milliards consacrée aux indemnités à octroyer aux fonctionnaires dès 2010, sans compter les 280 milliards de DA à verser pour couvrir les incidences des effets rétroactifs. Il est à rappeler dans ce cadre que la révision du régime indemnitaire a été adoptée en janvier 2008. Selon le Premier ministre, l'Etat alloue des enveloppes colossales pour le paiement des salaires, indiquant que le volume actuel de la masse salariale versée est de l'ordre de 1.314 milliards de dinars. Même si la facture est « lourde, les travailleurs sont, selon Ahmed Ouyahia, dans leur droit de revendiquer une amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles ». S'agissant des statuts particuliers de la fonction publique, le Premier ministre a indiqué que 36 sont d'ores et déjà prêts au niveau de la direction de la fonction publique et 32 ont été adoptés par le gouvernement. Les travailleurs du secteur économique n'ont pas été omis puisque eux aussi bénéficieront d'une amélioration de leur rémunération dans le cadre de la révision des conventions de branche pour le secteur public et convention cadre pour le secteur privé. Concernant les allocations familiales, Ahmed Ouyahia a indiqué que l'Etat n'est « pas pressé » pour remettre ce dossier à la charge des employeurs. « Si d'un côté, nous œuvrons pour la redynamisation de nos entreprises et leur mise à niveau, nous ne pouvons pas d'un autre côté leur imposer cette charge ». LES SYNDICATS AUTONOMES NE SONT PAS CONCERNÉS PAR LA TRIPARTITE Le Premier ministre a laissé entendre que la participation des syndicats autonomes aux travaux de la Tripartite n'a pas de raison d'être pour la simple raison que ces derniers « n'existent que dans le secteur de la fonction publique ». Alors que la Tripartite « discute de choses qui se déroulent dans un espace où ces syndicats ne sont pas présents. Nous avons parlé par exemple des conventions de branche qui ne les concernent pas », souligne M. Ouyahia précisant toutefois que ces organisations syndicales sont en concertation et en contact permanent avec les ministères dont ils dépendent. PAS DE TRANSFERT DE FONDS SANS S'ACQUITTER DES CHARGES FISCALES Le Premier ministre est catégorique. L'Etat ne permettra pas à une entreprise étrangère d'effectuer un transfert de fonds avant de s'acquitter de ses devoirs fiscaux, allusion faite à un des opérateurs de la téléphonie mobile, en l'occurrence Orascom. Sans le citer de nom, le Premier ministre a expliqué que le gouvernement a donné instruction aux services fiscaux pour ne pas dévoiler l'affaire, question « de ne pas porter atteinte à l'entreprise en question et de ne pas la gêner ». L'affaire qui remonte à 12 mois a été rendue finalement publique par l'entreprise elle-même. Pour Ahmed Ouyahia, cette entreprise payera, dans tous les cas, ses redevances. « Un étranger, une fois arrivé en Algérie est considéré comme un des membres de la maison et il sera soumis aux mêmes lois ». VERS LA RÉVISION DU CODE DE COMMERCE ET LE RENFORCEMENT DU CODE DE MARCHÉ PUBLIC A une question de savoir quel sera l'impact de l'augmentation du SNMG sur le pouvoir d'achat alors que l'inflation est galopante, le ministre a souligné qu'il est d'abord nécessaire de mettre en place une campagne de sensibilisation générale. Pour le Premier ministre, le phénomène de l'inflation « n'est pas importé » dans la mesure où le monde connaît présentement une déflation. Le ministre explique que 90% des produits sujets à inflation sont des produits agricoles. La spéculation dans les prix justifiée par la libération du marché n'a fait que dégringoler le pouvoir d'achat des citoyens. « Les choses vont changer », promet le Premier ministre avant d'ajouter que « l'Etat, en plus de son rôle de régulateur, renforcera son contrôle ». Dans cette perspective, il est décidé, annonce M. Ouyahia, la révision du code de commerce. Par ailleurs, à une question relative aux appuis de l'Etat pour la promotion de la production nationale, Ahmed Ouyahia a répondu qu'en plus des dispositifs mis en œuvre, entre autres les allégements fiscaux et parafiscaux, il est décidé de renforcer le code du marché public de telle manière à favoriser les entreprises nationales. Toutefois, le ministre a affirmé que le crédit documentaire, qui est un moyen de payement des importations, ne sera en aucun cas remis en cause. « Tous les partenaires se sont mis d'accord pour cela », affirme le même orateur. « Maintenant il est tout a fait clair que pour l'entreprise qui produit pour l'importation de ses intrants, nous sommes tout a fait disposés à regarder comment faciliter les circuits et d'ailleurs toute chose nouvelle crée au début de la frilosité », a indiqué Ahmed Ouyahia informant qu'au mois d'août 500 crédits documentaires ont été délivrés alors que lors du mois d'après il y a eu deux fois plus. Il est question donc, atteste le Premier ministre, de s'adapter et « nous sommes là pour accompagner les opérateurs ». « Quand on parle de consensus, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas divergence ou alors une unanimité », affirme en outre M. Ouyahia qui met l'accent sur les vertus du cadre de la concertation et le dialogue qui se consolide à chaque réunion de la Tripartite. Les partenaires sociaux satisfaits du bon déroulement de la tripartite A l'unanimité, les partenaires sociaux du gouvernement à savoir, l'UGTA et le patronat sont sortis satisfaits quant aux décisions découlant des pourparlers enclenchés durant plus de 15 heures lors la 13e tripartite. Ils se sont donné rendez-vous le premier trimestre 2010 pour une autre rencontre tripartite afin d'étudier les propositions qui seront formulées par les quatre commissions mises en place. Abdelamadjid Sidi Said : «Pour le confortement du cadre de concertation» Le secrétaire général de la Centrale syndicale s'est dit content et satisfait quant aux nouveaux acquis décidés au profit des travailleurs et également des retraités. Il a tenu à saluer le président de la République qui a décidé au mois de février de revaloriser le SNMG. Sidi Said a souligné également que le dialogue et la concertation demeurent un instrument privilégié pour traiter et solutionner les problèmes. Le plus important est d'assurer un climat serein et stable sur tous les plans. Le patron de l'UGTA se réjouit également de la décision prise quant à la reconduction du Pacte économique et social dès l'année prochaine d'autant plus qu'il œuvre pour la promotion des intérêts communs dans le cadre du développement économique et social. Sidi Said a tenu à remettre les pendules à l'heure en indiquant que l'UGTA «de par son passé historique et de sa maturité ainsi que de sa prise de conscience des enjeux (…) n'a de leçons à recevoir de personne », allusion faite aux syndicats autonomes qui ne cessent de discréditer la Centrale syndicale. Le patronat plaide pour le renforcement de l'outil de production Les cinq organisations patronales sont satisfaites du bon déroulement de la 12e session de la tripartite. Le président de l'ACGEA , M. Habib Yousfi a mis l'accent sur l'importance de la préservation de l'outil de production et la redynamisation des PME-PMI créatrice de richesses. La présidente de SEVE Mme Yasmina Taya a, quant à elle, salué les mesures de sauvegarde économique et de vigilance comme elle a mis l'accent sur les effets de la crise mondiale sur l'économie nationale. M. Nait Abdelaziz a, quant à lui, souligné qu'il est impératif de consolider le cadre de concertation et d'adopter une démarche commune qui sera de nature à réduire la dépendance du pays vis-à- vis des hydrocarbures et en donnant à l'entreprise nationale une position centrale dans le processus de création de richesses. Le président de la CAP M. M'Rakech a, pour sa part, indiqué que cette tripartite a été un succès. Le représentant des SGP est du même avis. M. Ziani de la CIPA se dit très satisfait surtout de la décision relative à l'organisation d'une réunion tripartite chaque trimestre. M. Ahcen Benyounes, représentant du patronat public a souligné lui aussi que la tripartite s'est déroulée dans des conditions sereines et redonne de l'espoir.