Poète et écrivain algérien connu et reconnu tant en Algérie qu'à l'étranger, Rabah Belamri publie «Le Soleil sous le tamis» en 1982 aux éditions Publisud. Œuvre à forte teinte autobiographique, ce récit parle de l'enfance de l'écrivain, mais aussi de l'indigence dans laquelle vivait toute une population. Tout au long du récit, l'auteur décrit son village et sa région natale, Bougaâ. A cette époque là, les gens vivent chichement. Tout au plus, le plus aisé possède-t-il une vache et quelques chèvres. Réaliste, l'écrivain retrace jusqu'aux moindres détails, un peuple luttant quotidiennement pour survivre, surtout qu'en ces temps d'incertitude, la famine et la maladie n'ont épargné personne. Faute de moyens financiers, la mère de Belamri se rend chez un herboriste pour soigner son enfant ayant mal aux yeux. Le «toubib» lui prescrit un traitement qui lui causera la perte de vue à seize ans. Le poète raconte cet épisode douloureux dans son œuvre «Regard blessé». Rabah Belamri, qui abhorre la superstition et les vendeurs d'orviétans, s'étale lorsque il évoque sa mère, être frêle prête à se sacrifier pour élever ses enfants. Sans fioriture, le poète raconte sa vie de tous les jours, meublée par les plaisirs ludiques auxquels il s'adonne en compagnie de ses amis. Par ailleurs, dans une langue simple et dépouillée, l'auteur de «Regard blessé» réalise une sorte de kaléidoscope d'une époque : l'Algérie d'avant guerre. L'écrivain n'a pas également omis de parler des traditions millénaires des Algériens, notamment le sacrifice du mouton à l'occasion de l'Aïd. Rabah Belamri est un défenseur impénitent du patrimoine oral. D'ailleurs, sa vie durant, l'écrivain n'a pas cessé d'œuvrer pour sauver de l'oubli la culture orale. A ce propos, il écrit qu'« il est temps de recueillir les trésors de notre culture orale, menacés de disparition par le tumulte de la télévision. Aujourd'hui, en Algérie, les veillées s'organisent autour du petit écran et les conteurs n'ont plus le temps, ou ne trouvent plus l'occasion et la nécessité de conter». Rabah Belamri décède en France en 1995 à l'âge de 48 ans. Aveugle à 16 ans, l'auteur de «Regard blessé» laisse derrière lui une oeuvre importante. L'écriture, qui caractérise son œuvre, oscille principalement entre le réalisme et l'onirisme.