Les regards du monde entier sont braqués sur la capitale danoise Copenhague où s'est ouverte hier en fin de matinée la 15e conférence des Nations unies consacrée aux effets dévastateurs du changement climatique. La cérémonie d'ouverture s'est déroulée dans une salle du Bella Center, du nom d'un astronome danois du 16e siècle célèbre pour avoir établi un catalogue d'étoiles précis pour son époque. La conférence vise à conclure, le 18 décembre en présence de plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement, un accord mondial pour enrayer la hausse de la température de la planète. L'enjeu de cette rencontre historique est de limiter à deux degrés la hausse de la température moyenne à la surface de la Terre. Les représentants de 192 pays, ainsi que le Premier ministre danois Rasmussen, ont assisté, en séance plénière, au coup d'envoi de deux semaines de négociations. La conférence est «dépositaire des espoirs de l'humanité» pour les deux semaines à venir, a estimé le Premier ministre danois devant 1.200 délégués dont M. Chérif Rahmani qui conduit la délégation algérienne. LE FARDEAU DU NORD Le ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme est intervenu, hier, sur les ondes de la chaîne 3. Il a estimé qu'il est «totalement exclu que les pays du Sud, notamment les pays producteurs de pétrole, acceptent qu'il y ait des taxes pénalisantes, y compris les taxes carbones». «Le fardeau doit être pris en charge par les pays qui ont favorisé les émissions de GES et la concentration qui ont modifié durablement le climat dans notre planète», a souligné le ministre, estimant que c'est «un problème d'équité, de justice et de coût complémentaire qui doit être compensé par les pays les plus développés». Les pays de l'Afrique «vont subir directement les changements climatiques parce que ce sont en grande majorité des pays vulnérables, donc il est inconcevable de perturber leur développement», selon le ministre qui a mis en exergue la position commune des pays africains. UN FILM CATASTROPHE La Conférence a débuté avec 45 minutes de retard par la projection d'un film. Une fillette profondément endormie dans un lit douillet au côté de son ours blanc en peluche s'éveille au milieu d'un désert au sol craquelé, avant d'être rattrapée par des vagues déchaînées. Apparaissent ensuite l'ancien archevêque sud-africain, Mgr Desmond Tutu et le SG de l'ONU Ban Ki-moon pour appeler à la conclusion d'un accord ambitieux qui permettrait d'échapper à de telles perspectives. QUE FERA L'AMÉRIQUE ? De nombreuses personnalités seront présentes à cette conférence notamment le président des Etats-Unis qui assistera à la séance de clôture. Son pays est la seule grande nation industrialisée à ne pas avoir ratifié le Protocole de Kyoto. La réunion de Copenhague doit trouver un successeur à ce document pour l'après-2012. Barack Obama a, en tout cas, une position radicalement différente de celle de George W. Bush, qui a longtemps nié la réalité du réchauffement et s'est heurté aux Européens sur le sujet. Toutefois, les réductions d'émissions proposées par son administration vont moins loin que celles de l'Union européenne et du Japon les recommandations de l'ONU. La Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète, a annoncé, de son côté, son intention de baisser son «intensité carbonique» de 40 à 45% d'ici 2020 par rapport à 2005. Les grands pays pourront-ils sacrifier leurs intérêts étroits ?