Photo : Slimene SA. «La lutte contre le terrorisme ne se limite pas au déploiement de dispositif sécuritaire, mais elle tient également compte de la matrice idéologique de ce phénomène». C'est par ces propos que le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, a rappelé, hier, sur les ondes de la radio nationale la détermination de l'Algérie à aller jusqu'au bout de cette lutte. Selon l'invité de la rédaction, au-delà des mesures sécuritaires et l'implication de la société avec toute sa composante, il y a nécessité d'éduquer les enfants aussi bien au plan interne qu'au niveau de l'environnement international. Le ministre rappelle dans ce contexte tous les efforts menés pour se défaire de tous les préjugés sur l'Islam. «Il est important d'expliquer à la société, aux enfants surtout, les concepts de l'Islam. Il faut leur prouver aussi que le terrorisme n'a rien à voir avec cette religion de tolérance. Notre culture et notre éducation sont connues. Il ne faut pas que des éléments de contingence externes, exogènes à notre pays contribuent à alimenter l'extrémisme religieux et à faciliter le développement d'arguments qui pourraient justifier les actions fondées sur la religion », a souligné M. Zerhouni. Evoquant le développement de l'islamophobie constatée dans plusieurs pays occidentaux, notamment le débat en France sur l'identité nationale et l'interdiction, en Suisse, par voie référendaire de construire des minarets, le ministre a souligné que de tels comportements pourraient engendrer des dérapages en donnant des arguments aux extrémistes pour se manifester. Il a jugé inopportun le référendum suisse sur les minarets. «En quoi les minarets pourraient-ils gêner plus qu'un clocher d'une église » ?, s'est demandé le ministre précisant que l'intégrisme renforce et justifie l'intégrisme adverse. «On risque d'assister au développement d'une islamophobie stimulée et portée essentiellement par des radicalisme religieux ou politiques», a-t-il ajouté. Tout en se référant aux principes de l'Islam, le ministre a tenu à rappeler que cette religion n'est nullement antinomique de la démocratie, de la tolérance, encore moins de l'épanouissement de la femme. Les concepts qu'on a tendance à lui attribuer sont en contradiction avec son essence. «L'Islam est le premier à avoir parler du respect des religions monothéistes et du principe de la tolérance religieuse. L'Islam est d'ailleurs le seul précurseur de tous ces principes de respect de l'autre, de cohabitation et de religion. L'Algérie a enfanté Saint Augustin comme elle a abrité le grand Rabin El Kawa persécuté en Espagne. Sur ce plan, l'Algérie n'a aucun complexe et a donné le meilleur exemple en tolérance et respect d'autrui», a déclaré M. Zerhouni. Quant au débat en France sur l'identité nationale, le ministre l'a qualifié de débat piégé. « Je ne pense pas que les responsables français visent à créer une opposition entre les différentes composantes de leur société. Cette diversité est une source de richesse. Un débat pareil risque d'aboutir à des dérapages », a souligné M. Zerhouni. Il a estimé qu'il ne s'agit pas d'un faux débat, mais d'un débat trop risqué. Dans la mesure où il a commencé à s'orienter vers les attitudes xénophobiques vis-à-vis de l'Islam et de l'émigration d'origine maghrébine. «Il est regrettable de rappeler que les grands parents des Français d'origine algérienne ou maghrébine n'avaient pas choisi de partir en Europe. Ils ont été amenés pour travailler dans les mines, pour la reconstruction de l'Europe. Leurs descendants subissent actuellement une mauvaise gestion de la situation. Il faut assumer cette responsabilité», a tenu à souligner le ministre. Le ministre a, par la même occasion, dénoncé certains propos tenus en Europe glorifiant les particularismes, car alimentant les extrémistes religieux et culturels. Allusion faite aussi à ceux qui affirment que leur culture est supérieure aux autres. «Quand on se laisse aller à des commentaires encourageant l'islamophobie, on apporte de l'eau au moulin de ceux qui utilisent l'Islam pour justifier des actions violentes», a-t-il affirmé. Revenant sur la 14e session de la Conférence des ministres de l'Intérieur de la Méditerranée occidentale (CIMO), le ministre n'a pas manqué d'évoquer la circulation des personnes dans l'espace méditerranéen. Il a plaidé pour la prospérité commune entre les pays de la région mais en demandant que les pays de la rive nord de la Méditerranée fassent encore des efforts dans la facilitation du déplacement des citoyens de la région. Au sujet de l'émigration illégale, M. Zerhouni a appelé au respect par les pays d'accueil des droits et de la dignité des personnes qui sont renvoyées dans leurs pays d'origine. Sans toutefois négliger le respect des droits des émigrants légaux.