Photo: Horizons. Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a fait une intervention, ce jeudi, à Copenhague, à l'occasion du sommet sur les changements climatiques, dont voici le texte intégral : “Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire général de l'Onu, Mesdames et Messieurs, Notre gratitude et nos remerciements vont à M. Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu, pour nous avoir réunis à l'occasion de cette importante Conférence. Nos remerciements très sincères vont à M. le Premier Ministre Rasmussen et au gouvernement danois pour la qualité de l'accueil qui nous a été réservé et l'organisation remarquable de nos assises. A Mme le Ministre Connie Hedegaard, et à M. De Boer, secrétaire exécutif de la Convention, je voudrais, du fond du cœur, exprimer notre reconnaissance pour tous les efforts qu'ils ont déployés pour le succès de nos travaux. L'homme perturbe le climat, il va devoir le maîtriser. Désormais le temps nous est compté, le compte à rebours a commencé pour une Terre en sursis. Cette Conférence est historique à plus d'un titre. Après Rio en 1992 et Kyoto en 1997, Copenhague doit être une nouvelle étape pour répondre collectivement aux défis sans précédent posés à l'Humanité par les changements climatiques. Historique, elle l'est, malheureusement aussi, parce que jamais l'Homme n'a autant menacé par son activité ses écosystèmes, ses ressources, et partant, sa propre survie. Il est indéniable aujourd'hui que les changements climatiques constituent le défi majeur auquel doit faire face notre planète au cours de ce siècle. Par leurs conséquences dramatiques sur la terre et les hommes, ils nous somment de trouver et de mettre en œuvre, de manière déterminée et diligente, les politiques appropriées en vue de lutter efficacement contre ce phénomène. Ces politiques, nous les devons à nous-mêmes, parce que les changements climatiques sont déjà là. Nous les devons aussi aux générations futures auxquelles nous avons le devoir de léguer une planète viable. Trois séries de données scientifiques, aujourd'hui irréfutables, ont inspiré l'élaboration de la stratégie mise en place depuis le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 : d'abord, que le phénomène des changements climatiques est d'origine humaine, ensuite qu'il a été provoqué par les émissions de gaz à effet de serre depuis la Révolution industrielle et, enfin, que les pays en développement, qui ont le moins contribué aux changements climatiques, seront ceux qui en souffriront le plus. C'est pour ces raisons que la Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques a posé de manière rigoureuse et lucide les principes cardinaux devant diriger l'action internationale en la matière et défini sans équivoque les responsabilités des uns et des autres. Nous tenons à rendre hommage à la vision de ses concepteurs. Parmi les principes consacrés par la Convention, celui de la responsabilité commune mais différenciée me paraît essentiel : les pays industrialisés se doivent d'honorer les engagements auxquels ils ont souscrit au titre de la Convention et du Protocole en termes de transferts de technologie, de financements et de renforcement des capacités pour venir en aide aux pays les plus vulnérables - et tous les pays en développement le sont - et leur permettre de supporter le fardeau de l'adaptation aux changements climatiques. C'est une obligation légale, un devoir de solidarité et une exigence dictée par l'interdépendance, les changements climatiques ne connaissant pas les frontières. Dans l'action collective de la communauté internationale pour faire face à ce défi sans précédent, dont nous ne connaissons apparemment que les prémices, les pays industrialisés se doivent d'assumer le leadership tant en raison de leurs responsabilités historiques que parce qu'ils sont seuls en mesure de prendre la tête d'une vaste entreprise de transformation de l'économie mondiale orientée vers l'avènement d'une économie verte porteuse de nouvelles opportunités pour tous. Dans cette perspective, notre vision à long terme ne doit pas envisager un partage injuste de l'espace atmosphérique. Les objectifs mondiaux de réduction d'émissions pour 2050, et ceux envisagés pour les pays développés, ne doivent pas laisser aux pays en développement une portion congrue de cet espace, insuffisante pour permettre le développement économique et social auquel ils aspirent. Les pays en développement, à commencer par l'Afrique, doivent prendre leur part du fardeau de la lutte contre le réchauffement climatique en introduisant progressivement les énergies nouvelles et renouvelables dans leurs programmes de développement et en adoptant des mesures volontaires d'atténuation et d'adaptation, conditionnées par des transferts adéquats aux plans financier et technologique. En Afrique, comme dans certaines autres régions du monde en développement, le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien de millions d'êtres humains victimes des inondations, des sécheresses répétées et de l'avancée inexorable du désert, avec leurs retombées de plus en plus graves sur l'agriculture, la santé et la sécurité alimentaire. Ces phénomènes climatiques extrêmes, ajoutés aux retombées de la crise financière, économique et alimentaire, sont en train de freiner les efforts déployés par les pays africains pour éradiquer la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, malgré les progrès remarquables qu'ils ont enregistrés au cours des dernières années dans le cadre du Nepad. L'aggravation, unanimement reconnue de ce phénomène, a amené nos pays à accorder un rang de priorité élevé à cette question. C'est ainsi que l'Algérie a eu l'honneur d'accueillir en novembre 2008, une Conférence des ministres africains de l'Environnement qui a permis l'élaboration d'une position africaine commune sur les changements climatiques. Les pays africains ont décidé, par ailleurs, d'intégrer les changements climatiques dans leurs plans de développement nationaux, sous-régionaux et régionaux. Mais ils ont besoin pour cela du soutien de la communauté internationale. L'Algérie, pour ce qui la concerne, fait face aux impacts des changements climatiques, qui aggravent le phénomène de désertification dont elle souffre. Elle a intégré la dimension du développement durable dans ses plans de développement, y compris dans un souci de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. De même qu'elle a adopté des mesures visant à améliorer l'efficacité énergétique et une politique de promotion des énergies renouvelables. Elle a, enfin, fait de la technologie du captage et du stockage de dioxyde de carbone un élément clé de sa politique nationale en matière de changement climatique. Le défi lancé à l'Humanité dans son ensemble par les changements climatiques devrait exhorter chacun de nos pays à placer la sauvegarde de notre planète au-dessus des égoïsmes nationaux et des intérêts étroits. Nous formons le vœu que la prise de conscience planétaire de Copenhague sur la gravité de ce défi soit l'occasion de nous mobiliser et faire de nos assises un succès au bénéfice de tous. Il nous faut nous élever à la hauteur de l'importante mission qui est la nôtre afin de répondre aux attentes légitimes de la communauté internationale dans son ensemble. La fonction essentielle de l'Homme est, dit-on, de construire l'avenir, scrutons dès à présent non pas seulement l'échéance de 2012, mais regardons bien au-delà. Je vous remercie».