L'écrivain poète et chroniqueur de presse Andenour Abdesselam a souligné dans la matinée de mercredi à Tamanrasset que «la chanson amazighe n'est pas une création récente ou spontanée. Elle a une histoire jalonnée d'étapes bien précises. Ainsi, trois étapes ont caractérisé un pan de la chanson amazighe : la période coloniale, la période de la guerre d'Algérie et la période post-indépendance». Il poursuit confiant «avant l'avènement de la radio kabyle, dont l'initiative revient à Mme Lafarge dans les années 30 selon le témoignage de cheikh Nourredine, la thématique de la chanson amazighe de Kabylie était présente sur les registres dits de proximité. Elle s'est consacrée comme aménagement et accompagnement dans la vie sociale au contact des métiers autour des travaux des champs, des travaux artisanaux». On notera également, cite-t-il, un type de complaintes chantées par les femmes dont le mari, le fils, le frère ou le père était mobilisé par l'armée française durant la Première Guerre mondiale. La chanson alors devient l'exutoire des douleurs exprimées aussi bien par l'artiste que par d'autres». Quant à la seconde période, celle de la guerre de libération, il dira d'emblée sous forme d'adage que «les guerres ont toujours inspiré les poètes et les chanteurs. Toutes les chansons révolutionnaires expriment le même sentiment et les mêmes aspirations». Dans ce sillage, il fera savoir que la chanson amazighe de Kabylie notamment se frayera un chemin à travers les rets du contrôle, de la surveillance et de l'interdit pour glorifier la lutte armée. La dernière partie de son intervention, M. Abdesselam l'a consacrée à la période post-indépendance dans laquelle il s'étalera car il considère que cette étape de l'histoire est très dense et très riche en évolution thématique «la radio kabyle, ancienne appellation de la chaîne 2 était le seul canal de diffusion de l'expression amazighe». Il enchaîne : «Mais la mission militante de la radio n'aurait pas été possible sans le laborieux travail de cheikh El Hasnaoui, Cheikh Norrdine, Chérif Khedam, H'nifa, Ldjida, et M'henni. M. Abdesselam a ajouté que la chanson amazighe est une «musique féconde qui reste ouverte à toute innovation ou création, à condition de ne pas atténuer sa la ligne mélodique ou son côté esthétique». Il conclut que l'intérêt pour l'étude et l'analyse du texte de la chanson amazighe de Kabylie tient de ce qu'elle a accompagné la société dans toutes ses luttes et perspectives.