Il est rare que le continent noir ne fasse qu'un lors d'une simple manifestation culturelle. Le panafricain. Cette manifestation, parrainée par l'Algérie (4-20 juillet 2009), a réussi à faire tomber les frontières, à panser les blessures, à enterrer la hache des conflits. Sous le ciel bleu de l'Algérie, les peuples africains se sont réconciliés, dans la joie, la musique, la danse. Les Africains, même ceux qui vivent sous d'autres cieux, en dehors du continent, en Occident ou en Orient, se sont impliqués dans cet événement, par leur présence, leurs œuvres ou simplement par leurs pensées. Alger s'est fait belle pour l'occasion, ses espaces occupés par les artistes venus nombreux (8000 artistes) mais aussi par un public très nombreux. La nuit, elle pétillait. Le jour, elle cultivait le patrimoine africain, son histoire, son art pictural, son théâtre, son cinéma. Elle exposait également l'impact de sa culture sur le monde occidental, le jazz notamment dont est fier la première puissance mondiale. Comme l'a si bien fait remarquer Amazit Boukhalfa, consultant au département communication du Panafricain : «il n'y a pas un rythme de danse, un déhanchement qui ne soit pas africain. Il n'y a pas un pays, que ce soit au Japon, en Chine, dans les pays les plus fermés, les plus traditionnels, où il n'y a pas quelque chose d'africain. Le festival, ce n'est pas uniquement pour qu'on chante ou danse mais surtout pour prendre conscience que les cultures africaines procèdent une culture millénaire.» Mais au-delà de son caractère culturel, le Panafricain avait une ambition politique. Pour rappeler tout d'abord que le continent noir n'a nul besoin qu'on le «civilise» comme l'a si bien souligné l'ancien président Houari Boumediene, puisque l'Afrique porte dans ses entrailles l'une des civilisations les plus anciennes au monde. Ensuite, il s'agit de renouveler les serments par les pays africains pour faire du continent noir un bloc uni, solidaire qui regarde dans la même direction. C'était aussi une occasion pour débattre des problèmes actuels de l'Afrique, par la voix entre autres, de Jacques Vergès qui a affirmé que l'Afrique doit avoir l'audace de saisir la Cour pénale internationale pour poursuivre les colonisateurs qui ont sévi sur son territoire pour crimes de guerre. Le Panafricain est un bel exemple d'unité. Réunir tous les pays africains (sauf le Maroc) durant quinze jours durant sur un même lieu est un grand challenge qu'Alger a réussi à relever pour dire que le Panaf n'est qu'un point de départ.