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Indice de Madjid Bekkouche : 2009, l'année de tous les paradoxes
Publié dans Horizons le 30 - 12 - 2009


A observer les remous que vit l'économie mondiale aujourd'hui, on se rend bien compte que la crise économique qui a longé toute l'année 2009, n'est pas la seule à incriminer. D'autres événements majeurs se combinent pour constituer une phénoménologie symptomatique d'un ordre économique mondial qui replace sur son échiquier de nouvelles pièces. Il ne faut pas se leurrer, il ne s'agit pas d'une révolution, car si les contrecoups de la crise financière sont encore là pour dire que ce n'est pas fini, Bretton Woods, dont la crédibilité fut sapée par la débâcle, est encore debout et fonctionne de plus belle. Ce qui a en revanche changé, c'est la réalité des rapports de force économiques et financiers antérieure à la crise et que la crise n'a fait que manifester sur le plan politique. Ce qui a changé, également, c'est le déplacement irréversible, après Copenhague, de la préoccupation climatique, des sphères scientifique et politique, vers la sphère publique où sa prise en charge militantiste sera désormais source d'un activisme de plus en plus intense, violent et de plus en plus lourd politiquement et, donc susceptible de se rendre réellement maître de la décision économique dans les dix ou vingt prochaines années. Ce qui a enfin changé, c'est le fait que les énergies fossiles, encore sans alternative économiquement viable, sont devenues un espace de partage tellement étroit, en parfaite contradiction avec le phénomène d'émergence économique que connaît la planète, qu'il est admis, désormais, que l'économie sera verte ou ne sera pas. C'est donc un monde qui connaît une effervescence majeure que révèle 2009, avec une Chine qui monte très vite, trop vite au point de faire redouter aux Occidentaux, au lieu d'une émergence, une tendance hégémonique mondiale sur les plans économique et financier qui, plus est, se concrétise non sur le mode de production chinois, mais bien sur le mode capitaliste, avec les règles instaurées et bénies par Bretton Woods. C'est que le modèle capitaliste, en se généralisant ces deux dernières décennies, a cessé de valoir uniquement pour l'Occident, même si celui-ci peut encore se prévaloir d'une paternité historique.Ce partage de polarité économique ouvre deux fronts qui se regardent, avec, au milieu, les pays en développement, laissés sur le no-man's-land qu'incarnent, d'un seul tenant, les crises économique et climatique, sans qu'il leur soit encore possible de comprendre s'il s'agit d'une bipolarité providentielle dont ils peuvent tirer partie, ou tout simplement d'un élargissement du sommet de la pyramide économique mondiale, dont ils feront les frais. Quoi qu'il en soit, 2009 a été l'espace de tous les paradoxes. Le plus flagrant a été celui d'une convocation, inopportune -du fait de la crise mondiale- d'une certaine éthique du développement et de la prospérité, à travers la préoccupation climatique, très vite assassinée, in-situ, sur l'autel des intérêts économiques.

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