Photo : Slimene SA. Très drôle est la pièce de théâtre, «Sineni», pourtant dramatique dans sa trame, signée par Mohya et mise en scène à l'origine par Mohamed Fellag. Présentée lundi dernier à l'occasion de la célébration de Yennayer sur les planches de la maison de la culture Mohamed Boudiaf de Bordj Bou-Arréridj, à l'initiative du HCA (Haut Commissariat à l'Amazighité), cette pièce de théâtre est réadaptée par Mouhoub Laterach et brillamment interprétée par Hadj Ali Sofiane et Idriss Taleb, tous membres de la coopérative ML du Théâtre Régional de Bejaia. Cette même pièce a été représentée hier soir à l'auditorium de la radio algérienne pour la célébration de la même fête de Yennayer dans l'émission Ighzif Ayidh, diffusée en direct sur la chaîne 2 qui en est la conceptrice. Sur une scène très encombrée, les deux personnages évoluent tranquillement avant de monter en cadence. Ils sont entourés de murs invisibles, happés par les objets étouffants sur lesquels se construit leur maison, pour ne pas dire un «taudis». Les deux personnages sont liés par le même sort : l'émigration. La fuite du pays en quête d'une vie meilleure. Mohya fait intrusion dans ce «couple» et avec son œil inquisiteur, fouille leur âme pour en extraire les souffrances, la frustration, le drame. Le duo, en totale symbiose, se complète. L'un réaliste, tente de s'adapter à son nouvel environnement, l'autre nostalgique, a du mal à se dégager des entrailles de son «bled», de sa chère «Thmourt». Ce dernier regrette la chaleur du pays, regrette même les mouches ! «Ce n'est pas normal ! Il n'y a pas de mouches ici !», dit-il. Réflexion qui fait rire le public aux éclats. Un public assez nombreux mais avec une présence relative des spectateurs borjis. L'échange «pacifique» au début entre les deux personnages prend bientôt les allures d'une dispute. Le duo se défie, se heurte, explose ! Malheureux, chacun déverse son chagrin sur l'autre. Ils se donnent des coups, se chamaillent et pleurent… pour un nounours ! Seul «personne» affectueuse qui ne se plaint pas, ne rechigne pas. Elle est juste là, pour eux. Le nounours est bercé comme un enfant, caressé comme une femme, adoré comme un membre de la famille. Il représente tout ce qu'ils n'ont pas. Toute ce qu'ils n'ont plus. Mais devant ces souffrances, il reste une issue : la mort. Mais heureusement que Mohya n'est pas fataliste ! Il opte pour une fin ouverte, un end pour dire que la vie continue, malgré tout. La pièce de théâtre est interprétée dans la langue berbère. Toutefois, pour ceux qui ne pratiquent pas cette langue, ce n'est nullement un obstacle tellement la «gestuelle» est expressive.