«Nous avons une bonne relève» L'association «Pour l'Imzad» est une école de formation d'Imzad récemment créée (2003) à Tamanrasset. Cette école s'assigne à encadrer et former des candidats de différentes tranches d'âges, à des domaines de la pratique de la musique imzad, l'écriture et la traduction des poèmes et la fabrication de l'instrument musical, l'initiation à la recherche dans le répertoire des musiques traditionnelles. Avec la disparition d'Othman Bali, à votre avis quel tournant a pris le genre Imzad ? Il est vrai que nous avons perdu un grand maitre de la musique Imzad, en l'occurrence Othman Bali. Toutefois, nous œuvrons d'arrache-pied pour sauvegarder cet art ancestral. D'ailleurs, nous veillons à enseigner cette musique à la nouvelle génération. La relève doit impérativement se faire, sans quoi, c'est toute une facette de notre patrimoine qui se dissout inexorablement dans l'oubli. Il y a quelques jours seulement qu'est décédée à Illizi la chanteuse et interprète Terzagh Benomar, doyenne de la musique Imzad, emportant avec elle une partie de cette musique ancestrale… Je n'ai pas eu la chance de connaître cette doyenne mais je l'ai connu à travers nos aînés. Cette grande dame a su imprimer les lettres de noblesses à cette musique et lui a donné une notoriété universelle par sa valeur réelle qui se traduit à travers ses textes évoquant l'histoire contemporaine et le quotidien, les traditions et la modernité ainsi que les joies et les peines. Néanmoins, je viens de faire connaissance avec son neveu dont le nom est «Choughli» et nous avons dernièrement joué ensemble au Théâtre de plein air du Casif de Sidi Fredj. En tant que spécialiste de la musique Imzad, pour vous quel est le secret de la réussite de Terzagh Benomar ? Il faudrait signaler que l'imzad n'est pas seulement qu'un instrument mais plutôt un mode de vie, un symbole, un mythe. Cette notoriété, Terzagh Benomar l'a acquise de son expérience mais aussi de sa modestie de vouloir apprendre à tout âge. Cette artiste n'a pas lésiné de son temps et de son énergie pour transmettre son art à la jeune génération. A titre illustratif, elle s'entourait souvent des petites filles de sa ville natale Djanet, à travers la création d'une école de l'Imzad, pour leur inculquer son savoir. Ces petites filles doivent être le maillon régénérateur de cet art ancestral. Quels sont les thèmes majeurs chantés dans l'imzad ? Et quelle est la particularité de votre association ? Multiples. Beauté de la femme, le pays et la bravoure. L'imzad n'est pas seulement une musique mais une symbolique qui reflète le mode de vie des Touareg, leur représentation, leur histoire, leur environnement... Pour ce qui est de notre particularité, nous enseignons aussi la danse folklorique à l'instar de «Tahigalt», «Takouba Aghar». A noter que ces danses du grand sud illustrent les premières civilisations de cette terre subsaharienne. Des projets ? Nous envisageons de créer une école pour encadrer des enfants en les initiant à l'art de la danse folklorique. Nous participerons probablement au festival de Djemila (Sétif).