Comme chaque année, la célébration du mois du patrimoine qui intervient entre le 18 avril et le 18 mai, s'accompagne par une série d'activités qui mettent en valeur les différentes facettes du patrimoine matériel et immatériel. Au palais de la culture Moufdi Zakaria d'Alger, est célébré depuis samedi dernier dans ce cadre là, l'Imzad, cet instrument millénaire que la modernité risquerait d'effacer des mémoires. Durant une semaine, le public pourrait aller à la rencontre de cette musique exclusivement féminine qui symbolise le pouvoir tout autant que la vie quotidienne de la population touarègue. Organisée par l'association, “ Sauvons l'Imzad”, cette semaine musicale rassemble un bon nombre de formations venues du Sud notamment de Tamanrasset qui savent encore manier cet instrument. Car selon Abdallah ag Oumbadougou, président de, “ Sauvons l'imzad”, cet instrument (l'imzad) qui tend aujourd'hui à disparaître n'est manié que par six femmes. Une raison pour laquelle depuis 2004 une école consacrée à la formation musicale spécial Imzad a été ouverte dans la ville de Tam permettant ainsi aux jeune filles du Sud d'acquérir ce savoir lyrique menacé par l'oubli. Pas moins de 35 Touareg se sont déplacés au Palais de la Culture dont quatre vieilles joueuses, Alamine Khoulen, Dmeyla Edaber, Chtima Bouzid et Biyat Edaber. Ces dernières ont exécuté cette musique qui rappelle les dunes, l'aridité, les combats d'hommes et aussi les passions et le nomadisme. De plus, un documentaire intitulé L'imzad, une histoire au féminin signé par Farida Sellal, a été projeté. Durant cette semaine le public pourrait également découvrir une exposition rassemblant 44 œuvres, de l'artiste peintre Lamine Driss Dokman, ainsi que des photographies, de Farida Sellal. L'association “ Sauvons l'imzad ” a été créée en 2003, elle s'assigne plusieurs objectifs, entre autres contribuer à faire connaître, sauvegarder et développer l'imzad afin de le préserver pour les générations à venir. Qu'est ce que l'Imzad L'Imzad se compose, selon la définition du père de Foucauld “essentiellement d'une calebasse demi-sphérique appelée “ ateklas ” ou “ elkas ” qu'on munit d'un manche de bois “ tabourit ” bâton (manche du violon), sur lequel on tend une peau “ élem ” et à laquelle on ajuste une corde “ aziou ” faite de crins de cheval ; un chevalet, formé de deux petits bâtons croisés et liés ensemble, “ tiziouin ” (petites tiges = chevalet du violon), maintient la corde au-dessus de la peau du violon ; deux ouïes, dont chacune est appelée “ tit ” œil (ouïe du violon), sont pratiquées dans la peau, l'une à droite, l'autre à gauche du chevalet ; quelques rares imzad n'ont qu'une ouïe, placée soit à droite ou à gauche du chevalet ; quelquefois les deux ouïes ou l'ouïe unique sont non pas à la hauteur du chevalet mais entre le chevalet et le manche ; dans ce cas, lorsqu'il n'y a qu'une ouïe, elle est habituellement sous la corde. L'imzad n'a pas de cheville”. On joue l'Imzad assis, l'instrument sur le genou, la main gauche tenant le manche et pressant la corde,la main droite tenant l'archet. L'archet taganhé est une baguette recourbée en forme de demi-cercle entre les extrémités de laquelle est tendue une corde aziou faite en crins de cheval. La fabrication d'un Imzad nécessite environ 6 à 7 jours. Les matières utilisées pour la fabrication de l'instrument sont d'origine végétale, animale et minérale. La peau de gazelle était privilégiée jadis, actuellement on utilise plutôt celle des caprins. La calebasse : c'est une plante grimpante de la famille des cucurbitacées, dont le fruit creux (calebasse ou gourde) est cueilli vert. Vidé et séché, il sert de récipient, de bouteille ou de boîte ainsi que pour l'imzad. Le bois : le bois de figuier est apprécié pour la fabrication de l'instrument, à défaut on utilise le bois de laurier-rose ou d'acacia.