Le mois du patrimoine charrie des projets formidables qu'il faut soutenir. Dans le cadre du mois du patrimoine, le Palais de la culture organise, depuis samedi dernier, une semaine culturelle dédiée à la sauvegarde de l'Imzad. Aussi, accueille-t-il pendant une semaine une série de manifestations tracée par l'association «Sauver l'Imzad» que dirige Farida Sellal. Au programme de samedi dernier, une exposition intitulée Du désert à la mer a réuni une superbe exposition alliant les fraîches peintures d'Idris Dokman aux photos enchanteresses de Farida Sellal, qui traduisent la beauté des hommes et paysages de notre Algérie. Des femmes touarègues parées de leurs bijoux et dans la main le précieux «bijou», cet instrument exclusivement féminin, l'Imzad. Aussi, nous confiera Mme Bouchentouf, la directrice du Palais de la culture: «Nous avons dans notre programme une part qui est consacrée à la sauvegarde du patrimoine. Chaque année, on essaye d'aider à faire connaître un patrimoine ou à le préserver. Une année, on a eu la chanson bédouine, l'année d'après, on a eu les bijoux kabyles de Beni Yenni, qui sont en train de disparaître, et cette année avec Mme Farida Sellal, on s'est dit qu'il fallait sauver l'Imzad. On sait que c'est un instrument joué uniquement par les femmes, et que la dernière instrumentiste a 92 ans. Elle risque de partir en emportant avec elle tout ce patrimoine extraordinaire. Or, une des missions du Palais de la culture est de faire connaître le patrimoine algérien.». Outre cette exposition, un superbe concert s'est tenu à l'Auditorium qui a permis de faire connaissance avec cette belle musique aussi bien triste que gaie qui raconte souvent l'amour mais aussi l'aridité du désert qu'il faut préserver comme il faut garder en vie ces détenteurs de ce savoir millénaire. A ce propos, est prévu aussi la tenue, mercredi prochain, d'une projection d'un film documentaire intitulé L'Imzad au féminin et réalisé par Farida Sellal. Cette dernière active depuis trois ans déjà sur le terrain afin de réaliser un projet qui lui tient très à coeur. Il s'agit de construire une maison internationale des artistes. Il y aura des espaces pour des artisans, des résidences, etc., un musée, un espace culturel et créatif pour les gens de la localité de Tamanrasset. Sensibiliser les gens du Nord, passe par ce beau concert que le public a pu apprécier samedi dernier. Un événement qui a eu lieu en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, le ministre des Ressources en eau, Sellal et le ministre des Ntic, Haïchour. Actuellement, les femmes qui conservent la tradition de ce savoir qu'est l'Imzad entre l'Ahaggar et l'Ajjer sont âgées, et sont six. En 2003, elles étaient neuf! A la demande exprimée par une grande partie de la population locale et devant l'urgence de cette situation, une évaluation de la situation a été élaborée. Après avoir pris attache avec les dernières femmes détentrices de ce savoir, l'association «Sauver l'Imzad», a mis en place, dans un premier temps, une école d'Imzad au sein de l'Institut de formation professionnelle de Tamanrasset qui a mis à sa disposition deux salles de classe. Une première promotion de 40 élèves a été formée durant l'année 2004-2005. Des écoles annexes ont été ouvertes: l'une à Ideless de 30 élèves et l'autre à Tintarabine de 39 élèves. L'intérêt de la population à ce sujet ne cesse de s'accroître et la demande d'augmenter. La mise en place de cette école pilote à Tamanrasset a grandement participé à la sauvegarde d'un patrimoine immatériel, garantissant l'apprentissage et la préservation de cette culture mais surtout la revalorisation identitaire de la jeune femme targuie qui s'intègre mieux dans le contexte économique de la région en lui procurant de l'emploi dans les activités liées au tourisme mais aussi dans la vente de produits dérivés des arts traditionnels touaregs. Le projet Dar El Imzad prend entre autres, en compte la création d'un institut d'Imzad devant générer la création d'un label Imzad en vue de permettre aux jeunes et aux créateurs, la commercialisation de la musique de l'Imzad et des produits dérivés. Ceci devra aussi permettre son rayonnement sur un spectre plus large car il vise à être un village international d'artistes. Ce projet des plus ambitieux se concrétisera au bout de cinq ans selon les estimations de l'étude. Il comprendra entre autres, trois salles de musique, un laboratoire audiovisuel, une salle polyvalente modulable et des espaces administratifs et techniques, sans oublier les quatre salles de cours pour l'enseignement du tifinagh, de la pratique du chant et de la poésie d'Imzad, l'enseignement des techniques d'expression orale et écrite, l'enseignement de l'histoire de la musique, de l'art et de la connaissance du patrimoine culturel, ainsi que trois ateliers pour l'apprentissage et la fabrication des Imzad, de l'artisanat touareg traditionnel, etc. Un louable projet que Mme Farida Sellal évoque avec nous dans ce passionnant entretien.