Placée sous le thème «L'imzad entre tradition et modernité», une rencontre internationale initiée par l'association Sauver l'Imzad, se tient depuis jeudi dernier à Tamanrasset et s'achèvera aujourd'hui. Intitulée «Les nuits bleues sahariennes», cette manifestation qui vise la sensibilisation autour de la déperdition de l'instrument Imzad et la culture touarègue qui l'a véhiculé est la deuxième édition de ce genre. Cette année, elle est d'autant plus importante car elle fête la pose de la première pierre de Dar El Imzad. Son action consiste en la préservation et la sauvegarde de toute la culture touarègue gravitant autour de l'imzad. Pour ce faire, un programme riche et diversifié a été tracé par l'association Sauver l'imzad. D'abord un Colloque scientifique international auquel ont pris part de nombreux chercheurs dont Mesdames Faïza Arkam, Edda Brandes, Caroline Card-Wendt, ainsi que MM.Mohamed Aghal-Zakra, Pierre Augier, François Borel, Cyril Isnart et Mourad Yellès. Les travaux de ce 2e Colloque international sur l'imzad ont été ouverts dans la matinée, en présence, notamment de M.Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, Mme Souad Bendjaballah, ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique et de Mme Nouara Saâdia Djaâfar, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine. Organisé par l'association Sauver l'imzad, ce colloque a été lancé en octobre 2003 grâce à la volonté de plusieurs personnalités locales et des bénévoles dont la majorité sont originaires de l'Ahaggar. Parallèlement aux débats du colloque, a été montée une exposition réunissant des peintres, des sculpteurs et des photographes. Une exposition internationale d'arts plastiques inscrite sous le thème «de la musique avant tout» a été également inaugurée par le ministre Chakib Khelil. Ce dernier a assisté également au lancement d'une grande fresque collective, devant être réalisée par les artistes invités au 2e Colloque international sur l'imzad. Des ateliers de plein air sont aussi organisés sur la Grande-Place de la Maison de la culture ainsi que sur le terrain du site Dar El Imzad. Figurent au programme, par ailleurs, des conférences et autres concours ethniques, sans oublier en soirée, des concerts de musique avec divers groupes dont Tinariwen du Mali et Tartit du Mali,Atri N'assouf et Terbiyat du (Niger), Choghili de Djanet et Takouba Tamanrasset de Tamanrasset. Aussi, des soirées spéciales chants de femmes ont eu lieu avec notamment les joueuses d'imzad dans une ambiance authentique. Parmi elles, on peut citer les joueuses d'imzad d'Adrar des Ifoghas, de l'Ahaggar, de l'Aïr, de l'Ajjer, mais aussi Chérifa (Chants kabyles - Algérie), Naïliyet (Tindouf - Algérie), Badi Lalla (Tamanrasset - Algérie) et de nombreux autres artistes. Toutefois, nous souligne-t-on «l'objectif de l'association est de faire connaître le projet de construction de la maison internationale des artistes Dar El Imzad qui sera, non seulement un centre de formation, mais surtout un centre de rayonnement culturel qui pourra assurer une sauvegarde et une préservation durable de toute cette culture en voie de disparition». Répartie sur un terrain de 10.000 m² et située à 5 km de Tamanrasset, sur la route menant vers le site touristique de l'Assekrem, cette maison de l'imzad a été inaugurée, jeudi dernier en présence du ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, qui a procédé à la pose de la première pierre de ce projet d'un coût de 125,8 millions de DA. Le projet comporte deux blocs d'un iwan (sorte d'atelier pour les représentations de chants), un musée, une salle polyvalente et une école d'imzad, abritée pour le moment au sein du Cfpa de la ville de Tamanrasset. Des salles de musique et salles de cours, un laboratoire d'audiovisuel, une salle d'informatique et un autre bloc pour l'accueil et l'hébergement des artistes, sont également prévus dans ce projet. Pour ceux qui ne le savent pas, L'imzad, une vièle monocorde, est un instrument de musique ancien. Plus qu'un instrument, l'imzad est un symbole du pouvoir, suggérant une musique particulière vouée à un ordre social, à une organisation de l'espace et du temps. «L'imzad est aux Touareg, ce que l'âme est au corps», avait déclaré un jour Hadj Moussa Akhamok à Mme Farida Sellal, en lui remettant un imzad en 2003.«Avec l'évolution de la vie moderne, l'imzad et toute la culture qui gravite autour sont en train de mourir. Il ne reste plus que quelques vieilles femmes qui savent en jouer, elles rêvent de transmettre leur savoir pour laisser en héritage au monde entier, ce patrimoine culturel ancestral. L'aménokhal Hadj Moussa Akhamok est mort le 28 décembre 2005, nous laissant la charge de relever le défi de ´´Sauver l'imzad...´´» «L'imzad est un symbole, le symbole de toute une identité culturelle qui risque de disparaître à jamais», nous prévient Mme Sellal, la présidente de l'association, une véritable passionnée par cet instrument millénaire, qui vous en parlera toujours avec autant de passion et de sensibilité dans la voix. A nous de faire en sorte de perpétuer son message...