L'impact de l'agression sexuelle sur un enfant est parfois inextricable et les séquelles sont souvent indélébiles. Surtout quand l'acte est commis par un proche parent : un père, un frère, un oncle ... « La prise en charge existe certes », selon la psychologue Arar, docteur et maître de conférence à la faculté d'Alger. Mais très peu d'enfants sont pris en charge dans notre société. «Quand l'agression vient de l'extérieur, elle est plus facile à prendre en charge parce qu'il va travailler dans une dynamique familiale pour essayer de contenir les troubles de l'enfant. Donc, la famille est présente, contenante, peut comprendre les difficultés et sait attendre. Dans ce cas, il y a des possibilités de gestion du traumatisme sexuel » dit-elle. Une chose est sûre : les violences sexuelles subies par l'enfant se répercutent inévitablement sur sa vie sexuelle future et sur sa scolarité. Sur ce dernier point, la psychologue affirme qu'« en matière de scolarité, c'est difficile de dire les choses. L'enfant peut continuer à travailler jusqu'à ce qu'il comprenne, et en général, la compréhension se passe à l'adolescence parce qu' au niveau de l'adolescence, il y a un remaniement psychique. Si tout se passe bien, il y a des choses qui se mobilisent, mais si ça se passe mal ce travail ne pourra se faire que plus tard » souligne Dr arar, ajoutant : « je me rappelle d'un gosse que les parents avaient ramené à mon cabinet pour des problèmes de scolarité, cet enfant avait été auparavant agressé. Donc l'échec scolaire peut cacher des tas de choses qu'on peut découvrir, au fur et à mesure, dans l'histoire de l'enfant ». Les séquelles du trauma sont elles les mêmes chez le garçon que chez la fille ? Pour la psychologue, « les identifications ne sont pas pareilles. Le garçon va chercher à ressembler à son père et donc à intérioriser les attributs masculins, certaines qualités masculines, tandis que la fille va chercher à ressembler à sa mère. Donc les identifications sont différentes. Si la fille est agressée par un homme, la surcharge du trauma peut l'amener à des troubles psycho pathologiques et à refuser certaines qualités féminines et l'acceptation de l'homme comme partenaire sexuel. Donc, elle peut remettre en cause ce désir d'être une femme qui accepte un jour de partager sa vie avec un homme. Là, il y a une effraction par rapport à cet investissement mais ça pourrait être plus compliqué. Pour l'homme, l'agression peut éventuellement diriger vers des conduites homosexuelles. Ce trauma est tellement important qu'il peut remettre en cause les identifications masculines. C'est-à-dire qu'il peut déclasser l'investissement génital comme on l'appelle en psychologie. Puisqu'il y a une inscription de l'homosexualité » explique la psychologue. Cette homosexualité peut avoir, selon elle, la primauté dans le développement par rapport aux choix identificatoires mais en deuxième lieu, cette situation peut amener la victime à devenir agresseur. «Parce que l'inconscient enregistre, l'agressé peut lui-même faire subir la même chose à une autre personne. On appelle ça l'identification à l'agresseur. Donc, si on cherche dans l'histoire des agresseurs, on trouve souvent qu'ils ont été eux-mêmes agressés» précise-t-elle encore.