Durant le 1er semestre 2009 il y a eu 909 cas d'agressions sexuelles sur des mineurs dont 479 filles. La pédophilie, ce phénomène qui ronge la société algérienne n'est, apparemment, pas près d'être pris en charge. Les chiffres sont toujours en hausse. Entre-temps, les pédophiles s'ingénient à abuser de leurs victimes, des proies faciles, que sont les innocents enfants. «La pédophilie a toujours existé en Algérie», affirment les responsables de ce dossier au niveau de la Direction de la Police Judiciaire (DPJ). Toutefois, elle prend des proportions inquiétantes puisque « les actes sont devenus plus pervers » explique Mme Kheira Messaoudène, commissaire principale de police judiciaire, chargée du bureau national de la protection de l'enfance et de la délinquance juvénile à la direction de la police judiciaire. « Les actes que nous enregistrons sont devenus plus vicieux entachés d'une grande violence. Certes, ce phénomène n'est pas nouveau dans notre société mais, du fait de la parabole et des images obscènes qui circulent sur la toile, les agresseurs redoublent de férocité envers leurs victimes » dira- t- elle. Des images violentes et agressives ont visiblement laissé des traces indélébiles dans la mémoire de cette dame dont la lutte contre les violences pratiquées sur des enfants remonte à une vingtaine d'années. Les agressions sexuelles qui ne cessent donc de prendre de l'ampleur en Algérie touchent des mineurs (âgés de 3 à 18 ans) sans distinction de sexe. Attentat à la pudeur, viol, acte contre nature, inceste, pornographie et pédophilie, sont autant de maux qui continuent bel et bien d'exister dans notre société qui, souvent, dissimule ces faits. Les cas recensés durant l'année 2008 et le premier semestre de l'année 2009 ne reflètent pas la réalité parce que beaucoup de parents ne déposent pas plainte surtout lorsque le viol est commis par un membre de la famille. La honte, le qu'on dira-t-on, les représailles sont autant de motifs qui empêchent les uns et les autres de recourir à la justice. En effet, les statistiques relevées par la Direction de la Police Judiciaire font état de 909 cas d'agressions sexuelles sur des mineurs dont 479 filles. Les actes contre nature viennent en tête avec 364 garçons et 237 filles suivi d'attentat à la pudeur sur 156 filles et 54 garçons et le viol contre 64 filles. Pour ce qui est de l'inceste, les mêmes services ont enregistré 15 cas chez les filles et 2 cas chez les garçons alors que pour la pornographie et la pédophilie, la DPJ a noté 27 cas dont 7 filles. Ces actes, selon Mme. Messaoudène « sont filmés avec des portables (avec consentement ou non) et montrés entre copains et amis». Pour l'année 2008, les mêmes services ont enregistré à l'échelle nationale 1637 agressions sexuelles dont 901 filles. Parmi ces actes, des cas de pédophilie et de pornographie, 15 garçons et 2 filles impliqués ou victimes. D'autres mineurs sont victimes de viols (136 filles), d'actes contre nature (618 garçons et 389 filles), d'attentats à la pudeur (97 garçons et 359 filles) et d'incestes (15 filles et 6 garçons). Lors des arrestations, ce sont des êtres meurtris qui sont présentés devant les enquêteurs. Leur prise en charge psychologique est déjà assurée au sein de la structure judiciaire pour « arriver à les faire parler et instruire le dossier » dira Mme. Messaoudène. Le véritable travail du psychologue débute à la fin de la constitution du dossier. D'une façon générale, la prise en charge des enfants victimes de maltraitance est déficitaire, les structures d'accueil en font défaut. Beaucoup de victimes demeurent sans prise en charge – psychologique surtout – après avoir été victimes d'abus sexuels. Il n'y a pas d'assistance sociale. Là, c'est surtout la famille qui doit jouer son rôle pour aider son enfant à surmonter l'épreuve. Une autre épreuve pour les enfants victimes et les parents.