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Les mariés du web
SYLVIA, RACHID, JULIA, MALEK ET LES AUTRES
Publié dans L'Expression le 14 - 08 - 2008

Que de mutations aura connu le mariage dans nos régions qui abandonnent peu à peu les traditions ancestrales pour une modernité pas toujours évidente.
Le mariage est une affaire trop sérieuse et engage l'homme et la femme, en principe, pour la vie. Fonder une famille implique des responsabilités nouvelles et le jeune homme autant que la jeune femme «fêtent» ainsi leur «passage» à la vie d'adultes. Le mariage est l'acte fondateur d'une nouvelle famille et, à ce titre, il est très important. Mais voyons un peu comment l'appréhendent les jeunes en âge de convoler en justes noces.
Les rêves souvent se dissipent pour laisser la place, toute la place à la dure réalité et rares sont les couples qui arrivent à franchir cette «ligne rouge» pour accéder au vrai bonheur, celui fait d'espoir et aussi des difficultés inhérentes à cet état. Un état de grâce, diront certains, un enfer diront d'autres. Le mariage est donc une véritable loterie mais une loterie qui peut coûter une fortune. D'une région à l'autre, il existe certes des différences, mais il reste que fonder un foyer n'est pas aussi facile qu'on pourrait le penser.
II fût un temps, jadis, où se marier ne nécessitait pas autant de chichis. Les familles s'unissaient et souvent les mariés ne se connaissaient pas. La mère du futur marié s'enquiert des filles en âge de se marier et alors on entame des «négociations», une fois la demande acceptée, les familles s'entendent sur les dépenses et autres frais. Ainsi la famille du marié se devait de fournir la semoule, généralement un quintal, l'huile, le mouton de préférence encorné et quelques robes et le tour est joué. La dot en argent à payer au père de la future était insignifiante. L'or n'existait pas et les bijoux en argent se résument à deux bracelets dans le meilleur des cas et aussi à un collier agrémenté de boucles. Les dépenses pour la fête étaient ainsi acceptables et le couple pouvait espérer démarrer dans la vie sans trop de problèmes. Les mariés habitaient chez les parents et les filles étaient rares à exiger un appartement. Quoique il est vrai qu'en ces temps-là, les logements étaient tout aussi rares. Il semble, cependant, que malgré le fait que les couples ne se connaissaient pas avant le mariage et que la vie était alors des plus rudes pour ne pas dire difficile, le mariage résistait, et rares étaient les divorces et autres séparations. La famille ou plutôt le clan était là comme une barrière à toutes les dérives. Dans les villages et sans le dire, les djemaâs, participaient également à cette solidité des couples face aux aléas de la vie. On avait faim, on logeait mal, on n'avait pas de rentrées d'argent ou si peu, mais généralement le bonheur était toujours là. Un bonheur simple, fait de ces petites choses qui comptent pour cimenter une vie de couple. Il faut sans doute aussi revenir sur le déroulement de la cérémonie elle-même. La mariée était ramenée dans son nouveau foyer, souvent à dos de mulet ou alors, plus tard, à bord d'une voiture certes, mais le convoi se résumait généralement à une suite de quatre à cinq voitures. Un grand couscous à la viande réunissait les invités qui, en plus, jouissaient d'un spectacle qui durait toute la nuit avec tambours et ghaïta. Le vieux Sadek nous parle de son mariage avec une certaine réserve, «c'est que ces choses-là ne se racontent pas chez nous». affirme-t-il. A l'époque, je devais avoir environ vingt ans, mon père et surtout ma mère me tarabustaient. Pour ma mère, il lui fallait quelqu'un pour l'aider à tenir la maison. Elle était aussi chargée de me trouver la fille qui lui «convenait». Je me rappelle de ce qu'elle me disait quand elle m'avait parlé de la «perle dégotée». Elle était solide, obéissante, en bonne santé et la nave va. Le mariage a été fixé et c'est après la récolte des olives que la fête eut lieu. Le village était invité et le couscous était pour tous. Un gros mouton a été égorgé et les tambourins ont joué toute la nuit. Je ne connaissais pas la mariée et elle non plus d'ailleurs et dites-moi quel besoin a-t-on de se connaître? On s'est unis pour fonder une famille et pas pour vivre une histoire à l'eau de rose. «D'ailleurs, dès le septième jour, c'est-à-dire une fois la "période" passée, la mariée s'est tout de suite mise au travail. II ne manquerait plus qu'elle passe son temps au lit». Un autre vieux monsieur ayant assisté à l'entretien intervient dans la discussion pour dire: «Les gens maintenant se marient, mais il me semble que les unions sont éphémères. Un an, deux à tout casser et voici la jeune femme, souvent avec un bébé sur les bras, de retour à la maison paternelle. Quel gâchis!»
Le visa aux yeux bleus
Les jeunes ne se marient plus autant, dit-on ici et là. Certes des convois nuptiaux sont constatés, notamment dans les rues des grandes villes et surtout en été, mais il semble aussi qu'une hirondelle ne fait pas le printemps. Les jeunes gens, garçons et filles, poursuivent, jusque sur le tard, les études universitaires et avant de songer à s'installer, les jeunes cherchent d'abord à avoir une situation et les filles exigent pour la plupart d'habiter seules, le recours à la maison familiale est vraiment l'extrême limite. Quand deux jeunes gens se connaissent, s'apprécient et envisagent de convoler en justes noces, ils commencent à évoquer l'avenir avec une certaine crainte, tant pour la fille que pour le garçon. Tous deux savent la difficulté d'avoir un logement. La location coûte les yeux de la tête et l'achat d'un logement est un rêve utopique. Si par le plus heureux des hasards, le jeune couple peut compter sur un coup de pouce familial pour le logement, il reste alors tous les autres préparatifs. Il faut au jeune prétendant, préparer au moins un minimum et le minimum est inaccessible, une parure en or, une dizaine de robes kabyles, des vêtements de prêt-à-porter, quatre à cinq paires de chaussures, cinq flacons de parfum et de qualité SVP! La robe de fiançailles et ensuite la robe de mariée et cela étant acquis, il lui faudra alors penser aux frais de la fête, d'abord les victuailles à offrir à la famille de la mariée, un gigot de veau, de la semoule, de l'huile, etc. En outre, il faut ajouter la literie de grands tapis faits maison, des couvertures et aussi des couettes. En plus et au jour dit, les parents du fiancé mettent sur la table et avant la Fatiha une dot d'environ un million de centimes anciens. Le père de la fiancée en principe prend quelques billets et laisse sur la table le reste. Ainsi et en comptant les meubles et la fête qu'il organise chez lui, le marié s'en sort généralement et au minimum avec plus de cinquante millions de centimes. Cela explique en partie ce fléchissement des mariages.
Il y a des villages qui ont tôt remarqué cette chose et pour lutter contre cette propension, ont codifié les mariages. Ainsi en ces villages, la mariée ne doit pas exiger de parure ou alors libre à son futur époux de lui en acheter mais après la cérémonie, par souci d'égalité avec les familles moins aisées. Tout comme les frais de la fête sont réduits à leur plus simple expression. Mais l'exemple de ces villages n'a pas l'heur de faire l'unanimité chez toutes les familles car il y a toujours ce sentiment bien maternel qu'éprouvent les mamans des mariées. II faut à sa fille la plus grande et la plus belle des fêtes, des voitures luxueuses et en nombre, tout un trousseau et plus encore, une parure et des bracelets et tutti quanti, et les pères n'ont qu'à s'y plier.
Si les jeunes gens ont tendance à ne pas se marier en raison de la situation sociale, l'on assiste depuis quelques années à la montée en flèche de mariages mixtes d'un genre particulier, Ainsi, et rien que pour la wilaya de Tizi Ouzou, ces chiffres semblent relativement importants.
En 2005, on a recensé 73 mariages mixtes, en 2006, ils sont 155 et pour seulement le premier semestre de la présente année, ce sont 105 mariages mixtes qui ont été recensés dans la wilaya, soit une moyenne de dix-sept mariages par mois. Les relations et les connaissances commencent toujours par une discussion sur Internet.
Ensuite, les choses s'imbriquent, on bâtit des châteaux en Espagne et on commence un rêve éveillé. Généralement, les rêves sont totalement divergents. Le jeune homme est attiré par la femme qui lui promet de l'aider à vivre en Europe ou encore au Canada et la femme se dit qu'il est temps de se caser et surtout d'avoir un mari jeune.
On nous a raconté l'histoire vraie de cette jeune Canadienne qui a connu son «homme» par Internet, une fois l'histoire bien enclenchée, le jeune homme invite sa dulcinée et voici notre héroïne venue des givres québécois à la douce chaleur de Tigzirt. D'ailleurs, et durant un certain temps, elle a fait fureur avec sa masse de cheveux couleur de blé. Julia, c'est son prénom, a ainsi fêté son mariage selon la tradition kabyle et est stoïquement restée deux longs mois chez sa belle-famille avant de s'envoler avec son chéri dans ses «valises» vers le Québec.
Le comportement de Julia a presque fait scandale dans cette cité puritaine. Et sa belle-famille est d'ailleurs toute contente de la voir repartie, car Julia n'a pas essayé de s'acclimater aux moeurs locales. Une autre jeune femme âgée, elle, d'environ la quarantaine a commencé, toujours grâce à Internet, à discuter avec son correspondant, un jeune homme de dix ans son cadet. Sylvia, appelons-la ainsi pour respecter la vie privée des gens, fut séduite par l'idée d'un mariage avec son Rachid. Lui n'en dormait presque plus, il se voyait installé sur les rives du Rhône avec, à la clé, un travail et une belle maison.
Sylvia n'écoutant que son coeur fit le voyage, se plia aux coutumes, épousa son Rachid et repartit avec.
Arrivés à Lyon, nos deux tourtereaux vécurent d'amour et d'eau fraîche et au lieu de la tranquille vie miroitée, Rachid et Sylvia tirèrent durant près de six mois le diable par la queue et ce qui devait arriver, arriva.
Le divorce fut prononcé aux torts de Rachid qui est accusé d'abandon de famille.
La carte de séjour non encore délivrée et le voici expulsé par la préfecture du Rhône et du jour au lendemain, notre compère a vu son rêve s'évaporer. Adieu veau, vache, cochon... Sylvia, quant à elle, en est quitte pour avoir vécu quelques mois avec un beau jeune homme.
Le rêve évaporé
L'histoire la plus triste est celle qui est arrivée à une Française âgée d'environ cinquante ans. Ayant fait la connaissance de Malek, toujours par le truchement de la tchatche, elle s'est accrochée à cette bouée de sauvetage. Malek lui, avait l'exemple de l'un de ses amis marié à une autre femme âgée, et qui est aujourd'hui sur les bords du Leman. Donc Malek a accueilli sa promise et pendant le temps de la «visite de connaissance» de son amie, il essaya de l'habituer aux us et coutumes du pays, petit à petit, le couple se forma et le mariage se précisa. Mais voilà, notre dame tomba subitement malade, les médecins diagnostiquèrent une angine de poitrine, transférée sur l'hôpital elle ne tarda pas à rendre l'âme.
Les méchantes langues disent que «la dame est morte de trop de bonheur» Le mariage mixte est un véritable pari sur l'avenir, les gens et notamment les jeunes qui sont candidats à ce genre de pari le font pour la plupart, dans le seul but d'avoir un visa. C'est pourquoi ce genre de mariage est appelé le visa aux yeux bleus.
II est vrai qu'en Islam, le mariage est considéré comme étant la moitié de la religion et n'est considéré comme homme ou femme accomplie que celui ou celle marié (e). Cependant, le mariage est, soit cher et donc inaccessible pour nos jeunes qui, pour la plupart sont chômeurs et habitent chez leurs parents, soit que ces jeunes sont en attente de quelque chose d'autre dans leur vie.
Les filles, elles aussi commencent à penser de la même façon, d'abord la réussite sociale qui commence par un travail stable et ensuite le mariage. II y a aussi, parmi les filles, celles qui sont tout comme les garçons, attirées par l'étranger.
Ainsi Ouiza, une jeune femme mariée à un gars de M'sila, s'est retrouvée une année plus tard chez ses parents avec un bébé. Elle vécut ainsi dans sa famille cinq ans et finalement, rencontra un vieux retraité âgé d'environ 75 ans qui accepta son fils. Aussi elle se maria avec lui et tous trois sont aujourd'hui installés en France. Faut-il dire que ces histoires, pourtant hélas bien réelles, commencent à être légion et tuent le mariage? Nullement.
Il reste que des familles se créent et que la vie continue, malgré les errements de certaines familles qui considèrent leur futur gendre comme une vache à traire et leur fille comme une «marchandise» et que d'autres font du mariage une clé pour une vie ailleurs.


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