L'association zone autonome d'Alger commémore demain matin, au cimetière de Bologhine, le 53e anniversaire de la mort de Fernand Iveton, le seul Européen condamné à mort et exécuté, comme membre du FLN, par les forces coloniales françaises, à la prison Barberousse, le 11 février 1957. Fernand Iveton, trente et un ans, militant communiste, accusé de terrorisme, était guillotiné, après que sa grâce ait été refusée. Né à Alger le 12 janvier 1926, Fernand Iveton suit l'itinéraire classique du militant communiste. À quatorze ans, le certificat d'études primaires en poche, il quitte l'école pour travailler. À seize ans, il adhère au Parti communiste algérien (PCA). Ouvrier tourneur à l'usine Lebon, puis à l'usine de Gaz d'Alger, délégué CGT, il est de toutes les luttes sociales. Et quand débute la guerre d'indépendance algérienne, il s'engage dans les Combattants de la libération (CDL) mis en place par le PCA. En 1956, avec quelques amis, il entreprend une «action spectaculaire», ils vont faire sauter le tuyau d'une usine à gaz. Ils prévoient deux bombes qui ne doivent exploser qu'une fois les employés partis. Iveton avait exigé qu'il ne fasse aucune victime civile. Il voulait seulement des «explosions témoignages» pour faire avancer la cause de l'indépendance. Juste après, il est arrêté. Le 24 novembre, rasé, sans moustache, le visage marqué par les actes de torture, Fernand Iveton est présenté devant le tribunal permanent des forces armées d'Alger. Le procès se déroule dans une atmosphère de haine. Quand il fait son entrée dans le tribunal, des insultes fusent à son endroit, le public exige sa mort et ses avocats sont menacés. Le procès est expéditif : il est condamné à mort le jour même pour terrorisme. Le 10 février 1957, son recours en grâce est rejeté par le président René Coty. «La vie d'un homme, la mienne, compte peu, ce qui compte, c'est l'Algérie, son avenir et l'Algérie sera libre demain», déclarait-il au greffe de la prison, quelques minutes avant son exécution. Au pied de la guillotine, il a embrassé ses deux codétenus Mohamed Ounouri et Ahmed Lakhnache, qui allaient être exécutés avant lui. «Celui-là fut un condamné à mort modèle, droit, impeccable, courageux jusqu'au couperet», relate son bourreau Fernand Meissonnier.