Photo : Fouad S. Enneigée ou pas, Chréa attire toujours. Elle est la station d'été et d'hiver. Ce point culminant de l'Atlas blidéen à plus de 1000 mètres d'altitude, reste incontestablement un endroit féerique de par la richesse de sa flore et de sa faune, offrant un repos salvateur pour toute âme en quête de quiétude et d'évasion. Surplombant la ville des roses, Chréa, sans son manteau blanc, apparaît aux visiteurs, en cette journée de samedi 30 janvier, dépourvue d'un détail qui renforce son charme. Mais, elle reste égale à elle-même et les personnes venues ou qui reviennent dans ce lieu enchanteur, sont satisfaites à la vue de ces paysages verdoyants. Mais la neige est un atout supplémentaire qui draine de nombreux visiteurs lorsque les cimes de ces montagnes sont habillées d'un blanc immaculé. Il est 10 heures 30. La route bordée de cèdres millénaires est quasi déserte. Les automobilistes se font rares. L'absence du manteau blanc a freiné le flux habituel des visiteurs. Elle nous conduit à des cimes qui apparaissent et disparaissent au gré des branchages et feuillages entrelacés et au détour du chemin. Des cascades d'eau alimentées par la fonte des neiges et de sources, murmurent au grand plaisir de l'oreille, apportant une note musicale à ce monde féerique. La brume hivernale, épaisse en ce matin, enveloppe les versants de la montagne. Au bas de la station, la ville de Blida reçoit les rayons du soleil qui effleurent doucement la cité apportant une chaleur à ses habitants. Sur la route, une auberge semble abandonnée. Ses portes et moulures en bois font penser aux auberges et autres refuges des Alpes ou encore à la taverne d'un western. D'autres maisons sont en construction ou en rénovation. Signe d'un retour à la normale dans cette région meurtrie et délaissée par les siens lors des évènements douloureux ayant marqué le pays et la région. Ces nouvelles habitations sont à la limite du parc. Car pour protéger et préserver ce patrimoine de la menace du béton, le wali de Blida avait signé, en 2007, un arrêté interdisant toute construction dans le parc national. Une fois arrivés à la station, des bus et des voitures sont alignés sur la placette. Des étudiants, des citoyens venus en famille ou entre amis ont déjà fait l'ascension à la recherche d'un moment de bonheur dans les bras de dame nature. Hassan, d'Alger, accompagné de son épouse et de ses trois enfants, est là pour la deuxième fois. «C'est tellement beau et reposant qu'on a préféré passer notre journée de repos hebdomadaire ici entre les cèdres et les châtaigniers. La beauté du site c'est aussi son club de ski, ses vastes forêts de cèdres ainsi que les gorges de la Chiffa. Les routes sinueuses tracées dans la forêt, offrent la possibilité de faire des randonnées pédestres. Une activité prisée par les citoyens qui ont quitté le brouhaha des grandes villes pour se requinquer et profiter des bienfaits de la marche. Meghni accompagné de son ami d'enfance Djamel Moussa est adossé au mur d'une cafétéria sirotant un thé à la menthe et admirant la splendeur du panorama. Djamel vit à Melbourne (Victoria State en Australie) depuis plus de 20 ans. «Là-bas il fait 45 degrés. J'ai quitté le pays à l'âge de 18 ans donc je profite de mes retours en Algérie pour découvrir les paysages que je trouve magnifiques notamment ceux de Tikjda qui sont gravés à jamais dans ma mémoire», dira Djamel. Pour Meghni, un cadre supérieur dans une banque, venir assez souvent au parc «c'est faire le vide et évacuer le stress cumulé durant une semaine». Il affirmera que cette destination est aussi très appréciée en été. «C'est un endroit de grande fraîcheur et avec le ramadhan qui nous revient en pleine saison de chaleur, l'endroit est tout indiqué». Les cèdres, imposants, régnant en maîtres, ont subjugué plus d'un. Des bus transportant des étudiants en provenance de Chlef et de Tigzirt s'arrêtent. Dès leur descente du bus, des étudiants venus de Chlef, arborant le drapeau national scandent des slogans de soutien aux Verts. Un «One, Two, Three, viva l'Algérie» rompant ainsi le silence olympien qui régnait sur le station de Chréa. La participation des poulains de Saâdane à la Coupe d'Afrique des nations et leur belle prestation n'a pas laissé de marbre les Algériens qui démontrent leur amour de l'équipe nationale à chaque occasion. Les filles venues de Tigzirt sont sous le charme du mont ; elles découvent la beauté ensorcelante des lieux. Mais beaucoup d'entre elles ont eu froid en ce 30 janvier. Heureusement les petits revendeurs sont là, proposant des bonnets et des gants à des prix élevés. Notre balade s'arrête sur la cédraie morte. Des carcasses d'arbres suspendues dans une sorte d'un mouvement au ralenti, laissant croire que des flammes sont passées par là et ont ravagé une partie du parc. Au pied de la montagne, une équipe de trois personnes (un vieux et deux jeunes) s'affaire à reboiser des plants de cèdres. L'état phytosanitaire du parc est une richesse que la Direction des parcs nationaux, notamment celle du parc de Chréa, compte préserver et défendre. Le site de Chréa, longtemps interdit aux citoyens par mesure de sécurité, reprend son droit de cité. La sécurité est là, accordant une assurance avérée pour les hôtes du mont. Des membres du groupe de légitime défense (GLD) veillent à la quiétude des visiteurs.