Plusieurs cèdres de plus de dix mètres de hauteur, se trouvant à proximité de la placette du centre de la station climatique de Chréa, sont menacés de dépérissement. La raison : une décharge de matériaux inertes, terres, gravats, roches effritées que viennent décharger, juste en face du local qui abrite les bureaux du Parc national de Chréa, des camions au vu et au su de tous. Un habitant nous a montré plusieurs arbres inclinés sous la poussée incessante de centaines, voire de milliers de tonnes de terre, alors que notre présence a coïncidé justement avec une opération de décharge de ces déchets inertes, provenant d'un chantier de terrassement en vue de réaliser un parc communal au niveau de Chréa. Cet habitant nous a indiqué plus bas, sous les remblais, une source définitivement ensevelie sous les débris de la décharge.Vu l'impossibilité d'avoir la version du P/APC de Chréa, nous avons contacté, pour plus de précision, un membre d'un mouvement associatif local qui nous a fait savoir que ces remblais vont permettre de gagner de l'espace pour l'extension de la placette communale de Chréa. L'aire résultant de ces opérations devra d'ici au mois d'octobre prochain, selon notre interlocuteur, abriter un espace vert où notamment seront plantés des arbres. L'espace gagné en horizontal sera consolidé par des gabions intercalés pour mieux « maîtriser la grande dénivellation que présente le relief de la commune de Chréa ». Dans ce sens, cette dernière qui culmine à 1525 m d'altitude, évolue en sens longitudinal et, de ce fait, dispose de peu de plan transversal facilement urbanisable. Cet avis, faut-il le préciser, n'est pas pour autant partagé par des originaires de la région qui voient en cela une artificialisation trop « arrogante » qui ne sied pas à la vocation du site, réputé être une station de haute montagne pour villégiature et où le cèdre pousse spontanément. Ces derniers nous ont fait savoir qu'un cèdre peut avoir une valeur marchande inestimable sans oublier aussi, ajoutent-ils, qu'il faut plus d'un demi-siècle de croissance pour pouvoir obtenir des arbres de cette importance-là. Par ailleurs, plusieurs autres endroits de la localité de Chréa se sont transformés en de véritables réceptacles d'ordures ménagères ou autres types de déchets. Ces derniers constitués souvent d'emballages en plastique et d'objets tranchants (non biodégradables) défigurent l'aspec esthétique du site, mais aussi menacent, de par les substances chimiques qui s'en dégagent à la longue, les cèdres, symbole de cette station bioclimatique, appartenant à juste titre à l'étage hyperhumide frais. Notons que le Parc national de Chréa reçoit plus de trois tonnes de déchets ménagers par semaine laissés par les visiteurs inciviques. Le tonnage de déchet serait encore plus important en considérant que beaucoup d'autres endroits, en raison du manque de moyens de collecte, ne sont pas souvent nettoyés. Contacté, M. Khechna, président de l'association Les amis de Chréa, déplore le fait que les incendies constituent un autre péril dans la région de Chréa qui, ces derniers jours, a connu plusieurs foyers. Il ajoute, par ailleurs, que son association a saisi par écrit en 2006 le président de la République pour le lancement d'une étude globale sur le reboisement de l'Atlas blidéen, mais, pour l'instant, ironise-t-il, il faut protéger plutôt ce qui reste de la calcination. Par ailleurs, la commune de Chréa, dont le nombre d'habitants ne dépasse pas les 700 personnes, semble toujours sombrer dans le chaos. Les programmes de développement se font rares dans cette localité, pourtant classée touristique, alors que ses habitants n'arrivent toujours pas à comprendre cette léthargie, du moment où leur nombre est insignifiant. A titre d'exemple, un groupe d'habitants de Chréa rencontré sur place ont profité de notre présence pour nous répercuter leur malvie qui dure depuis plusieurs années. Certains d'entre eux, dont l'âge avoisine les 40 ans, se disent être toujours célibataires, faute de logements. « Nous n'avons pas bénéficié d'un programme de logements depuis 20 ans ! Certains de nous vivent avec leurs familles composées d'une moyenne de 10 personnes par maison. Vu le nombre non élevé des demandes, la construction de 50 logements seulement peut résoudre cette crise », nous diront-ils, avant d'ajouter que 10 locaux professionnels attendent d'être livrés au profit des chômeurs, 2000 m2 ainsi qu'une centaine de chalets situés à la Belle crête de Chréa demeurent, à leur tour, à l'abandon depuis leur construction dans les années 1980. « On demande que ces 2000m2 accueillent des logements et autres infrastructures d'utilité publique, du moment où on met en avant l'argument du manque de foncier. Nous voulons juste des habitations en harmonie avec le site », insisteront-ils. Nos interlocuteurs, qui semblaient nostalgiques de Chréa d'avant les années 1990, dénoncent leurs élus qui ne font rien, d'après eux, pour le développement de leur localité. « Des élus d'une ancienne assemblée de Chréa ont gaspillé 800 millions de centimes rien que pour poser du gazon au niveau de la piste de ski. Un projet illogique qui a rendu cette piste synonyme de boue à chaque tombée de neige. La période de persistance de cette dernière s'est vue notablement réduite, en raison du changement de support géologique de la piste. C'est ce qu'on appelle jeter de l'argent par les fenêtres », regretteront-il. Mohamed Abdelli , Mohamed Benzerga