Photo : Slimene S. A. La question est récurrente : Doit- on prendre des pincettes, peser le pour et le contre pour publier une information ? Y a-t-il place à l'hésitation quand les lois de la concurrence s'aiguisent ? Comment ne pas se précipiter pour dévoiler le moindre scoop ? En filigrane se dessine une autre interrogation. Où se termine l'information et où commence la diffamation ? Il serait erroné et injuste de ne voir en les récentes dérives de la presse nationale les seules atteintes à l'éthique. La rétention de l'information, la dénaturation de la mission de service public et le refus de publier les mises au point des personnes injustement calomniées, un travers qui sévit toujours, sont aussi des manquements caractérisées à celle-ci. Longtemps, la presse sous le parti unique en usa et abusa. D'autres phénomènes ont surgi dont les moindres ne sont pas le recours au plagiat rendu facile par internet et les articles de complaisance Le journaliste a certes des devoirs mais aussi des droits. Beaucoup se plaignent à juste titre de ne pas pouvoir accéder à des informations qui souvent relèvent du fonctionnement routinier des institutions. On ne peut limiter, de ce fait réduire l'éthique aux précautions à prendre concernant la vie privée. Force est de reconnaitre également que certains titres sont devenus des instruments de règlement de comptes. On ne doit pas transformer une tribune en tribunal. Comment ne pas se hérisser quand on n'hésite plus à calomnier, à jeter en pâture des personnes sans prendre le soin de recueillir des avis divergents. Les pouvoirs publics ont beau jeu d‘ailleurs de faire remarquer qu'en matière de délits de presse, la plupart des plaintes proviennent des personnes physiques. L'existence de plusieurs titres attise la course vers l'obtention du scoop. Chacun se prévaut d'en révéler le plus possible même si les investigations ne sont souvent en fait que des «fuites». Certes, on sert davantage un journal crédible qu' «un canard boiteux». Les lecteurs ne sont pas dupes. Ils cherchent davantage à percevoir quel intérêt et calculs se cachent derrière une information qu'à son contenu. L'une des règles du bon journalisme est de ne pas mentir. Il est facile de la dire, disait de son temps Léon Blum. «Le plus difficile ajoutait-il, est de dire toutes les vérités». Y compris celles qui écorchent, gênent les alliés et les amis.