Photo : Slimene S. A. Les villes sont-elles devenues dangereuses pour la santé. C'est ce qui ressort du thème « urbanisation et santé », choisi, cette année, par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pour célébrer la journée mondiale de la santé qui coïncide chaque année le 7 avril. Pour cela, l'Institut national de santé publique (INSP) a organisé, hier, une journée pour alerter sur les risques pesant sur la santé dans les zones urbaines. Dans cette optique, le ministre de la Santé, le Dr Said Barkat a estimé qu'il ne suffit pas d'avoir un toit pour vivre mieux. Il faut, a-t-il mentionné, un réseau d'évacuation des eaux usées, des salles de soins, de l'eau potable, de l'électricité, du gaz, bref tout ce qui fait la vie, sans oublier les structures d'accompagnement comme les terrains de sport, des écoles, des crèches, des marchés. « Nous voulons une urbanisation à visage humain », a-t-il indiqué en ajoutant que chaque cité doit comporter un espace vert, avec en prime la mise en place d'une solidarité collective où chaque citoyen doit se sentir concerné par la préservation de son environnement. Pour le ministre, il faut s'occuper des villages et les doter de salles de soins sinon l'exode rural s'accentuera avec ses lots de maladies chroniques. Justement, le directeur de la prévention du ministère de la Santé, le Pr Mesbah a fait savoir que des manifestations à l'échelle nationale ont été organisées pour mettre en exergue l'hygiène du milieu, la prévention routière avec les nouvelles technologies de l'information. « Il s'agit, a-t-il affirmé, de présenter un état des lieux basé sur les expériences vécues en matière d'urbanisation ». LA BONNE GESTION DE L'URBANISME, UN GAGE DE BONNE SANTÉ Pour le président de l'association la prévention par l'image, le Dr Oulmane, le développement n'est valable que s'il est partagé par tous. « En d'autres termes, si on donne deux perspectives aux citoyens qui ont la trentaine à savoir, un emploi et un logement, la moitié des maladies disparaîtraient ». Si l'Etat ajoute l'eau potable, le chauffage, le transport, d'autres maladies disparaîtront. Si la gestion de l'urbanisme et son corollaire le cheminement des déchets à partir du ramassage jusqu'au traitement dans la déchèterie se fait d'une manière rationnelle, on fera reculer d'autres maladies. Si on lutte efficacement contre l'habitat précaire, d'autres pathologies disparaîtront. Le Dr Oulmane indique que les 4X4 qui roulent en diesel, sans parler des usines implanter en plein centre ville qui rejettent les eaux usées en pleine nature et qui portent atteinte à l'environnement sont une autre aberration à bannir. Pour le Dr Youcef Laid épidémiologiste, responsable de tous les programmes de l'environnement en relation avec la santé publique, les pouvoirs publics sont en train de prendre en charge la résorption de l'habitat précaire pour réduire les maladies. Mais selon lui, il est urgent pour les urbanistes de penser dès maintenant au vieillissement de la population en termes d'accessibilité (prévoir des placettes publiques, mettre à la disposition des personnes âgées des loisirs, accessibilité aux services sociaux). L'autre tranche de la population est non des moindres est la jeunesse qui exige certains besoins comme les stades, les écoles, les soins, les logements et l'emploi. « Tout cela doit être pris en charge par les politiques au niveau local et sectoriel. Mais la force de ce projet c'est la multisectorialité et la participation active de la population », a-t-il conclu.