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Djilali Hadjadj (Président de la section algérienne de Transparency International)
« Ce qui vaut pour les destitutions, vaut pour les nominations »
Publié dans El Watan le 14 - 06 - 2008

Le choix des chefs des entreprises publiques obéit-il, selon vous, à des critères de compétences et d'aptitudes professionnelles ou à d'autres conditions comme l'appartenance politique ou l'allégeance ?
La gestion des carrières des dirigeants d'EPE n'obéit pas aux lois en vigueur : elle est principalement la résultante des tractations et des luttes intestines au sein du pouvoir et des décideurs de l'ombre. La notion de « part de marché économique » nourrit les secteurs les plus puissants du pouvoir. Dis-moi combien tu gères de carrières de « chefs » d'EPE (même les EPA et les EPIC), et je te dirai ton poids dans le cercle très fermé des décideurs. A l'image de ce que les Italiens ont appelé la « partitocratie », à la différence qu'en Algérie, ce ne sont pas les partis qui sont au pouvoir. Le secteur du médicament est très éloquent à ce sujet. Près d'un milliard et demi de dollars en factures d'importation pour 2007, et l'augmentation se poursuivra en 2008. Prenons deux exemples de gestionnaires dans ce secteur : celui du PDG de Saïdal condamné en 1re instance en mars 2007, dans l'affaire Khalifa, qui a continué à être à la tête de l'entreprise et ce n'est qu'en mai 2008 qu'il a pris « sa retraite ». Même si la condamnation n'est pas définitive, il y a là un problème d'éthique et de morale. Si le conseil d'administration de Saïdal fonctionnait selon les lois en vigueur, il aurait pris une mesure conservatoire à l'égard de son président dès l'inculpation de ce dernier par la justice. Le second cas concerne le directeur général du Laboratoire national de contrôle du médicament (statut d'EPA), fonctionnaire en poste depuis plus de dix ans, ce qui est en soi une très grave anomalie, pour un poste aussi sensible (droit de vie ou de mort sur la production, l'importation et la commercialisation du médicament) où la pratique consacrée dans le monde entier est l'alternance. Or, ce directeur issu de l'université, a fait la 1re partie de sa carrière de gestionnaire à Saïdal, puis il a migré vers le privé au début des années 90, pour prendre par la suite la direction du Laboratoire en question en y développant des pratiques condamnables, dont le financement de travaux par des firmes pharmaceutiques n'est pas des moindres, firmes dont il doit contrôler les produits ! Non seulement ce directeur n'est pas inquiété, mais certains décideurs ayant une mainmise sur le marché du médicament envisagent même de le nommer à la tête de la future Agence gouvernementale du médicament dont la création vient d'être adoptée par les députés.
Alors que la loi garantit l'autonomie de gestion des affaires des EPE, de nombreux responsables se plaignent de ne pas avoir les coudées franches. Y a-t-il des forces parasitaires hors des entreprises qui dictent leurs desiderata ? Selon vous, ces mêmes responsables subissent-t-ils des pressions ou des injonctions administratives ?
Les personnes qui sont à la tête des EPE ne les ont jamais réellement dirigées ni n'ont eu les coudées franches pour le faire : elles le savent elles-mêmes pertinemment et pour la plupart elles ont accepté d'être en attente des instructions issues des cercles qui les ont nommées. Les plus honnêtes d'entre elles essayent de résister aux multiples pressions, aux injonctions administratives et à toutes sortes de demandes : il y a obligation, parfois de nature mafieuse, de renvoyer l'ascenseur aux puissants du moment, mais combien franchissent le pas de la démission face à ce harcèlement continu ? Très peu.
On assiste à des évictions à la pelle des cadres et responsables dirigeants dans la sphère économique publique. Alors que certains limogeages se font en sourdine, d'autres suscitent la polémique. Pourquoi cette agitation ? Pensez-vous que certaines de ces destitutions sont le fruit d'injonctions et non pas pour des raisons de mauvaises performances ?
Ce qui vaut pour les destitutions, vaut pour les nominations, comme ce qui vient de se passer à la tête d'Air Algérie : un parachutage scandaleux, fruit de transactions douteuses. La performance n'a jamais été à l'ordre du jour du processus des nominations ; c'est plutôt la soumission et l'allégeance qui entrent en ligne de compte. Si l'on prend le cas de « l'affaire Djaziri », ex-PDG d'Algérie Télécom, on est en droit de s'interroger, au-delà des déclarations du concerné à votre journal et des très graves réponses et menaces du ministre de tutelle, si ce limogeage ne s'inscrit pas dans des luttes de pouvoir pour s'accaparer Algérie Télécom dans la perspective de la précipitation de sa privatisation. Ce secteur, particulièrement sensible, est l'objet depuis quelque temps de très fortes turbulences de toutes sortes. Rappelez-vous la scandaleuse affaire Mehri-Ericsson de novembre 2007.
Les entreprises publiques économiques n'ont pas été épargnées par le phénomène de la corruption. De hauts responsables confondent souvent entre biens sociaux et propriétés privées. Les instruments de lutte contre la corruption mis en place en Algérie peuvent-t-ils, d'après vous, juguler ces pratiques ? Dans le cas contraire, quelle panacée faudrait-il opposer à ce phénomène tentaculaire ?
L'absence de volonté politique à lutter contre la corruption est manifeste. Non seulement les pouvoirs publics ne font pas grand-chose pour y remédier, mais pire, les dénonciateurs de cas avérés de corruption subissent systématiquement des représailles, notamment de la part de leur employeur, des services de sécurité et de la justice. Le cas de Achour Bououni de l'ENNA (Etablissement national de la navigation aérienne) est évocateur à plus d'un titre. La ratification par l'Algérie des conventions internationales contre la corruption (Onusienne et africaine) n'a pas connu de prolongements qualitatifs. La piètre qualité de la transposition de ces conventions en droit interne à l'Algérie est particulièrement révélatrice de cette absence de volonté politique. La loi du 20 février 2006 de prévention et de lutte contre la corruption est très « pauvre » : processus de déclaration de patrimoine vidé de sa substance et toujours non-appliqué ; pas de protection des dénonciateurs de la corruption ; pas d'accès à l'information ; exclusion de la société civile ; pas d'indépendance dans la loi pour l'Agence gouvernementale de lutte contre la corruption, etc. Plus grave encore, cette agence dont le décret de création a été publié en novembre 2006, n'a toujours pas vu le jour 18 mois après ! Comment prévenir et lutter contre la corruption avec de très mauvaises lois et des textes d'application insuffisants, et une inflation de réglementations inopérantes et/ ou inappropriées, à l'image de l'ordonnance n°07-01 du 1er mars 2007 relative aux incompatibilités et obligations particulières attachées à certains emplois et fonctions (pour contrer le pantouflage qui désigne la migration d'un fonctionnaire du secteur public vers le secteur privé, ce qui s'était passé avec un président de l'ARPT qui est passé chez un opérateur privé de téléphonie mobile) ou de l'extension des missions de l'IGF aux EPE par ordonnance présidentielle promulguée le 28 février 2008 ? La lutte contre la corruption est avant tout politique. Information, transparence, contrôle, réforme, participation populaire, citoyenneté, sont les maîtres mots d'une avancée nécessaire qui se déclinerait en libertés à conquérir, en responsabilités à prendre, en ouvertures du pouvoir à d'autres secteurs de la société. Il faudrait pratiquer des brèches dans le mur bétonné du silence, redéfinir la loi pour ramener les institutions près du peuple, casser les monopoles politique, militaire et économique pour donner à cette société la possibilité de se battre pour elle-même et de devenir une société de citoyens et enfin, déstructurer les réseaux de la corruption, mais la justice est complètement inféodée au pouvoir. Elle a perdu toute crédibilité aux yeux de l'opinion publique.


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