En marge du salon de la communication d'Oran qui a fermé hier ses portes, nous avons sollicité l'avis de quelques professionnels • Mohamed Benallal (journaliste à El Djoumhouria) «Il ne doit y avoir aucun conflit entre presse publique et privée dans notre pays. Nous travaillons pour l'intérêt de la collectivité nationale, nous poursuivons en fin de compte le même interêt et nous devrons être complémentaires. La plupart d'ailleurs sont des collègues qui étaient d'abord dans les organes publics. L'existence de nombreux titres sur la scène médiatique je la vois pour ma part davantage comme un stimulant pour améliorer le produit informatif. La pluralité des supports d'information est toujours un bienfait et pas seulement dans le domaine de la presse. Le défi de nos moyens d'information n'est pas de nos jours le statut juridique mais les moyens de promouvoir des medias crédibles , qui sachent distinguer entre la liberté avec conscience et la diffamation que nous devons bannir . C'est cela qui est plus urgent à instaurer . • Si Youssef Benali (Consultant en communication et éditeur) Il a déjà présenté le journal parlé à la chaîne trois durant les années 70 avant de rejoindre de nombreuses rédactions et d'être associés à celles d'El Moudjahid , du Quotidien d'Oran, de l'Echo d'Oran. Il a également contribué au lancement de certains titres de la presse. Il pense que « l'ouverture apparue dans les années 90 a du bon et du moins bon » affirme-t-il. Pour lui « Hamrouche a certes compris la situation de l'époque et ses enjeux en desserrant la vis qui étouffait l'expression à ce moment là et c'est tout à son honneur d'avoir eu une telle vision bien inscrite dans l'évolution naturelle des choses dans le pays et dans le monde ». Le revers de la médaille est que « la société n'a pas suivi et la presse s'est vite retrouvée dans une bulle sans un réel impact sur les événements. Son verdict est sans appel. « Certes beaucoup de titres privés ont contribué à faire avancer les débats dans le pays mais on s'est aussi beaucoup servi d'elle ». Interrogé sur la presse publique il estimera que « bien encadrée et plus ouverte sur l'expression plurielle et les préoccupations des citoyens elle peut toujours éclairer les citoyens et éviter que les puissances de l'argent dans un pays où l'apprentissage de la démocratie se fait laborieusement ne s'accapare d'un important levier de celle-ci. • Moussa Mahi Oussaid (directeur général du quotidien El Wassl) « Dans notre journal, on ne subit aucune pression » nous affirme t-il d'emblée. Personne n'est venu nous dire pourquoi avoir écrit ou publié ceci ou cela. Pour lui, la presse doit faire attention sur un point. « Se précipiter pour publier des informations sans prendre le temps de vérifier peut s'avérer désastreux. Il cite le cas de cadres de Sonatrach à Arzew qui il y a quatre années étaient sous contrôle judiciaire. « Il furent enfin de compte acquittés mais pour eux et leurs familles le mal était fait avec des unes sensationnelles durant des jours. Pour M.Mahi « la presse n'est pas juge et doit prendre ces problèmes de corruption avec des pincettes pour éviter de ternir l'honorabilité des personnes» • Boukhalfa Benameur (directeur d'El Djoumhouria) Plus que jamais pour cet ancien de la république d'Oran et d'Algérie Actualité « la presse publique a plus que jamais un rôle à jouer ». Il nous fait rappeler cette période qui a suivi la libéralisation du secteur dans les années 90 où les journaux publics étaient en pleine effervescence. Les contraintes à lever selon lui «sont liées notamment à une concurrence déloyale de ceux qui n'ont que l'argent pour motivation contrairement publics qui ont d'abord une mission d'intérêt général». Sur la place d'Oran il y a, nous dit-il, «des éditeurs qui versent des commissions pour empêcher notre distribution un peu partout par peur des règles du marché». L'homme a une grande nostalgie pour la belle époque où la convivialité régnait entre membres d'une même famille. Il y a en effet comme un paradoxe. Les meilleurs journaux étaient ceux du temps du parti unique.