Bien que musulmane, la plus grande société matriarcale du monde se trouve sur la côte ouest de l'île de Sumatra en Indonésie. Chez les Minangkabaus, seule la femme est propriétaire des terres et de la maison et est héritière des biens maternels. L'homme, même marié, reste l'éternel invité et père de ses enfants. Les frères de l'épouse, les mamaks, ont l'autorité parentale sur les enfants, leurs études et leur mariage. Cette communauté est connue dans tout l'archipel indonésien pour son lignage matriarcal. Les biens familiaux tels que les possessions immobilières, les terrains, les champs appartiennent tous à la maîtresse de maison. Pour ces raisons, les groupements dans les villages sont souvent constitués d'une vieille demeure (celle de la mère, de la tante…) où se sont rajoutées les maisons des filles, des nièces…une fois mariées. Même le chef du village est une femme. Elle préside le conseil du village qui se tient une fois par mois sous son toit. N'y siègent que des femmes. Tout se décide et s'arbitre à ce conseil féminin sans l'ombre d'un homme. Et si la suprématie de la femme étonne, elle est une chose accomplie et acquise depuis des millénaires dans cette partie du monde. Même si le nombre des hommes Minangkabau est majoritaire en tant que chefs dans la vie publique et sociale, leurs titres sont hérités par le biais des femmes et leurs activités politiques sont tenues de leur principale lignée maternelle. Les femmes tiennent des rôles principaux dans le domaine public par les cérémonies du cycle de la vie sur lesquelles les traditions s'appuient. Les femmes nourrissent et sont détentrices des us et coutumes, «âadat». Les hommes et les femmes maintiennent ainsi l'ordre social traditionnel malgré les tentations d'un monde moderne envahissant.