Chaque dimanche, de 10h à midi, les auditeurs constantinois ont leur forum sur la radio locale Cirta FM, une émission qui malgré son jeune âge est très suivie et très commentée. Le Forum existe depuis 2005 et est animé par Hayet Bouzidi qui est derrière le micro depuis maintenant 18 ans à Cirta FM. Très professionnelle et rarement contestée, elle a été choisie par la direction pour ses compétences et son savoir-faire mais aussi pour son franc-parler. Car il faut bien le souligner, ce qui caractérise l'émission c'est justement cette liberté dans le traitement de l'actualité, faisant de cette émission le seul espace du genre dans la ville. Une tâche pas souvent facile, car il faut avoir un certain caractère pour affronter chaque dimanche un responsable, un directeur et des citoyens à l'écoute. Le principe du Forum est simple, traiter l'actualité du moment en invitant des responsables ou des experts d'un domaine précis, poser le maximum de questions en présence de journalistes de la presse écrite. Mme Bouzidi reconnaît d'ailleurs que leur présence est indispensable, non seulement ils l'orientent dans ses questions et animent avec elle le débat mais ils peuvent aussi intervenir et la conseiller pour choisir un thème avant l'émission. Du coup, pratiquement tous les sujets évènementiels, tous les problèmes des citoyens, et même toutes les polémiques sont traités tout en respectant l'éthique du métier et en brisant parfois des tabous dans une ville réputée pour son conservatisme. Le contact avec les citoyens se faisait il y a tout juste une année par téléphone, aujourd'hui Mme Bouzidi nous explique que le standard a été abandonné préférant plutôt les courriers. «On a voulu professionnaliser le forum en laissant la chance aux citoyens de s'exprimer directement dans d'autres émission avec des collègues», explique-t-elle. Professionnel, le forum l'est, surtout qu'après cinq années d'existence, ceux qui choisissent d'y participer, entre responsables et directeurs, peuvent se targuer d'avoir relevé un défi : celui de parler en toute franchise des problèmes des citoyens. Ainsi, et bien que chaque numéro a son cachet et son importance, les Constantinois peuvent néanmoins se rappeler de certaines émissions qui ont abordé des sujets fâcheux ou des sujets sensibles. Mme Bouzidi se souvient par exemple comment un responsable d'un office du logement a refusé à la dernière minute de se présenter à l'émission : «Il croyait que j'allais annuler l'émission parce qu'il n'était pas venu. On l'a fait sans lui et j'ai critiqué en direct son manque de sérieux, et c'est alors que j'ai appris plus tard qu'il a dit qu'il aurait préféré venir et subir les critiques que de rester chez lui». Autres sujets de controverse: l'investissement dans la ville, les handicapés ou encore la santé avec par exemple une programmation dédiée à la pénurie d'insuline qui a à l'époque été reprise par la presse locale et qui a fait couler beaucoup d'encre. La presse écrite locale qui justement ne rate aucune sortie de Mme Bouzidi. Cette dernière est d'ailleurs très fière que ses confrères s'inspirent de son forum dans leurs écrits : «Ca m'encourage beaucoup de voir participer des journalistes dans mon forum, mais aussi de lire le lendemain dans les quotidiens arabophones ou francophones des articles qui parlent de mon émission. Dans mon forum je veille à ce que toutes les parties se mettent à l'aise, on travaille pour le bien des citoyens, c'est un devoir pour chaque journaliste d'informer, mais il faut pour cela aller toujours de l'avant, avoir une force mentale et ne pas céder aux pressions», conclu-t-elle.