Le conte est à l'honneur à Sidi Bel Abbès en tant qu'un art à part entière à la faveur de la tenue de la 4e édition du festival du théâtre professionnel (16/22 mars 2010). Le célèbre conteur Mahi Mouslim Sadik a animé deux spectacles «Machahou» en faveur des personnes attardées mentale et des personnes âgées. Cette forme de narration qui relevait, autrefois, de la tradition orale est le sens de préoccupation de Mahi qui dira d'emblée «Le conte est véritablement un art au sens plein du terme. Il est nécessaire de revaloriser cet artisanat de grands-mères ou d'autres troubadours». Le conte dont on découvre à l'occasion de ces journées qu'il possède des férus à Sidi Bel Abbés, que ce soit comme pratique artistique ou comme sujet de recherche, a été révélé pour la circonstance comme un art majeur quand il est exécuté par de vrais professionnels de la trempe de Mahi Mouslim Sadik. Originaire de l'ouest du pays, Mahi Mouslim Sadik, qui conte debout ou assis sur une chaise, il laisse les mots se suffire à eux-mêmes. Il a su, rien que par la magie des mots, transporter son auditoire dans le monde du fantastique et du merveilleux qui ne fascine pas que les enfants. A ce sujet, il tient à préciser : «Les contes narrés ne ciblent pas un seul public mais des publics». Pour ce conteur qui possède l'art de dire des histoires mais également, d'en improviser et d'en inventer ; tout est dans le récit, la manière de le relater, de le raconter, dans le verbe, l'intonation et la diction. Dans ses spectacles, Mahi Mouslim Sadik s'apparente au monologue et au one man show, il ne dédaigne pas mettre à contribution la gestuelle théâtrale et de jouer avec la musicalité des mots dont il use à merveille pour imager ses histoires. Mahi Mouslim Sadik dit avoir une prédilection pour les contes véhiculant un message d'amour, de paix et de sagesse. Il rend hommage dans le travail qu'il peaufine depuis déjà vingt ans au célèbre homme de culture Mouloud Mammeri. Il en est d'ailleurs un grand admirateur. Il regrette, par ailleurs, qu'actuellement «on n'accorde pas d'importance à de nombreux et magnifiques recueils de contes». Il a raconté, durant quelques moments, des histoires du répertoire populaire et de sa création propre. Il les ponctue de phrases en arabe dialectal, d'expressions et de dictons populaires. Il a réussi un tant soit peu à charmer le public, pourtant difficile à émouvoir. Ce conteur souligne l'importance d'investir dans le domaine du conte. L'objectif étant de susciter l'intérêt du public pour l'importance du patrimoine culturel immatériel algérien et universel. C'est aussi instaurer une tradition, celle d'inculquer le goût et le plaisir de la lecture chez le public, les enfants notamment, à travers des contes puisés du patrimoine oral local. Cette démarche permettra également de valoriser la richesse culturelle immatérielle en pérennisant les histoires et légendes du terroir, encore méconnues en dehors du mode de transmission orale. Actuellement, ce conteur prépare un spectacle intitulé «Si j'étais à Ghaza». Ce spectacle est une légende inspirée du patrimoine palestinien.