Les talibans ont frappé de nouveau au Pakistan. Comme pour montrer leurs capacités de nuisance, ils ont ciblé et pour la seconde fois en une semaine – attentat à la voiture piégée dans un marché a fait 134 morts, soit le plus lourd bilan depuis plus de deux ans et l'attaque qui avait coûté la vie à l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto-, Peshawar, la principale ville du nord-ouest du Pakistan, une région où l'armée combat les talibans responsables des attentats suicide et des attaques commando qui ont ait près de 3.200 morts en deux ans et demi. Moins de trois heures après le kamikaze qui a fait exploser sa bombe devant la tribune d'un meeting du parti national Awami (ANP), une formation qui soutient l'offensive armée contre les Taliban et Al-Qaïda et qui a réuni en plein air ses sympathisants pour célébrer la nouvelle appellation de la province de la Frontière du Nord-Ouest, rebaptisée Khyber-Pakhtunkhwa, pour mieux refléter la composition pachtoune de sa population (41 morts et plus de 100 blessés), les 2,5 millions d'habitants de cette ville ont été secoués par une série d'explosions dont une a été provoquée par huit camions-citernes incendiés. Lourdement armés, « 10 à 15 talibans », selon les médias pakistanais, ont tenté de prendre d'assaut le consulat des Etats-Unis. Un premier kamikaze a précipité un véhicule muni d'une bombe de 30 kg contre un premier check-point de sécurité à une cinquantaine de mètres du consulat, pour ouvrir le passage à une seconde voiture bourrée, elle, d'une centaine de kg d'explosifs et à des «assaillants » à pied. Bilan de cet acte : onze morts dont cinq membres des forces de sécurité. Les talibans revendiquent l'attaque du consulat américain. Ils l'auraient menée en «représailles des attaques de drones», ces avions sans pilote de la CIA basés dans l'Afghanistan voisin, les «Predator» visent quasi-quotidiennement les repaires d'al-Qaïda et des talibans. Disposant « 2.800 à 3.000 kamikazes», ils annoncent qu'ils viseront tous les lieux où se trouvent les Américains. Les Etats-Unis qui ont fait du Pakistan leur allié dans la lutte contre le terrorisme depuis 2001, perdent le contrôle. Ils redoutent une déstabilisation durable du pouvoir en place et par là de l'ensemble de la région. Les talibans qui ont fait allégeance à al-Qaïda dès sa création en décembre 2007 et décrété le djihad contre le pouvoir d'Islamabad et ne désespèrent de cueillir le pouvoir et l'arsenal nucléaire pakistanais. Surtout si les Etats-Unis continuent à faire régulièrement des victimes civiles avec leurs raids et les conclusions de la commission d'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancienne Premier ministre Mohtarma Benazir Bhutto épinglent les renseignements pakistanais. A moins que l'entraînement d'Islamabad dans la spirale de la violence ne s'inscrive dans une stratégie élaborée en 2001 par le Secrétaire d'Etat adjoint, Richard Armitage : sa dépossession de son arsenal nucléaire et son renvoi à l'âge de pierre après. L'Union européenne et les Etats-Unis ont condamné ces actes. Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE pour la politique étrangère, déplore cette violence qui est, selon elle, une « tentative pour miner la démocratie et plus largement la région». Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche a exprimé hier sa «profonde inquiétude» après avoir condamné cette attaque. En attendant, les jours passent et se ressemblent au Pakistan.