L'attaque visait à libérer des prisonniers, dont des taliban, ont indiqué des autorités locales. Cette attaque est similaire à celle de juin 2008, qui permit l'évasion d'un millier de prisonniers. Les taliban ont revendiqué une série d'attentats-suicides qui ont ensanglanté samedi Kandahar, l'un de leurs bastions dans le sud de l'Afghanistan, faisant 35 morts et 57 blessés selon un nouveau bilan, soit les plus meurtriers depuis le début de l'année. Huit explosions se sont produites samedi en différents endroits de la ville, la troisième en importance du pays après Kaboul et Herat, dans l'une des attaques coordonnées les plus lourdes depuis le début de l'insurrection des taliban, il y a plus de 8 ans. «Au total, 35 personnes ont été tuées, 13 policiers et 22 civils» et 57 personnes blessées, dont 17 policiers, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Le gouverneur de la province, Turyalai Wisai, a demandé à l'armée de renforcer la sécurité autour de Kandahar pour prévenir toute nouvelle attaque. Un porte-parole des taliban, Yousuf Ahmadi, a revendiqué les attentats qui ont débuté vers 20h00 (15h30 GMT), avec un premier puissant attentat-suicide à la voiture piégée touchant d'abord la prison centrale de Kandahar et d'autres visant des bâtiments gouvernementaux. L'attaque visait à libérer des prisonniers, dont des combattants taliban, a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Hier, la police a découvert des explosifs et des roquettes dans une maison proche de la prison, destinés à ouvrir les cellules. En juin 2008, les taliban avaient attaqué la prison de Sarposa à Kandahar et un millier de prisonniers, dont près de 400 taliban présumés, s'étaient évadés. Le porte-parole des taliban a indiqué que ces attentats intervenaient en réponse à l'annonce récente par le général Stanley McChrystal, patron des forces internationales en Afghanistan, d'une offensive militaire l'été prochain à Kandahar. «C'était une réponse au général McChrystal», le porte-parole des taliban. «Cela visait à saboter l'opération (militaire) et à montrer que nous pouvons frapper n'importe où, quand nous le voulons», a-t-il ajouté. Le président Hamid Karzaï a condamné ces attentats, qualifiant leurs auteurs «d'ennemis de l'Islam et de l'Afghanistan». Parmi les tués se trouvaient 10 personnes, dont des femmes et des enfants, qui assistaient à un mariage, a précisé le gouverneur. Une autre explosion s'est produite tôt hier matin, près du bureau d'une entreprise de construction japonaise à Kandahar. Cinq employés ont été blessés, quatre Pakistanais et un Afghan. Fief historique des taliban, Kandahar occupe une place décisive pour le contrôle du pays. La population y est victime d'actes d'intimidation et du racket des taliban. Plusieurs dirigeants locaux, craignant pour leur vie, ne vivent pas dans leur propre district. Cette série d'attaques intervient alors que les renforts promis par le président américain Barack Obama continuent d'affluer. Plus de 30.000 soldats américains supplémentaires doivent être déployés en Afghanistan d'ici août, et 6000 sont déjà arrivés. 121.000 soldats internationaux, aux deux-tiers américains, sont actuellement dans le pays. Dans le cadre de la nouvelle stratégie américaine visant à intensifier la lutte contre les taliban, l'Otan et l'armée ont lancé le 13 février l'opération Mushtarak dans la province du Helmand, la plus vaste offensive de l'Otan depuis la chute des taliban en 2001. Mardi, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a passé en revue les troupes dans la province de Kandahar, voisine du Helmand, qui vont lancer une offensive l'été prochain. «Une nouvelle fois, vous allez être à la pointe du combat», leur a-t-il dit.