Photo: Fouad S. L'Algérie ne veut pas risquer un nouvel endettement dans le contexte actuel de baisse des ressources financières et de croissance des importations. Ainsi, une batterie de mesures est annoncée telles «la mobilisation exclusive sur le marché financier local des crédits requis pour la réalisation des investissements étrangers ainsi que l'obligation pour ces investissements de dégager une balance devises excédentaire». L'inquiétude vient du fait que Algérie a enregistré, selon les responsables du secteur du ministère de l'Energie, une baisse de moitié des recettes des exportations des hydrocarbures en 2009 (à juin) par rapport à 2008. Ce qui justifie des mesures de sauvegarde évitant une situation de déséquilibre à la balance de paiements. M. Djoudi, le ministre des Finances, avait expliqué dernièrement que la notion de balance devises excédentaire introduite à l'égard de tout investissement étranger fait en Algérie, est liée à une alternative de « diversification de nos revenus d'exportations », qui devraient générer une balance devises excédentaire. Elle obligerait l'entreprise qui investit en Algérie à «produire des biens de substitution aux importations, faisant faire une économie en devises à la nation, ou des biens à l'exportation sources de recettes en devises». La loi de finances complémentaire pour 2009 a, par ailleurs, exclu la franchise de TVA pour les produits non fabriqués localement sauf en cas d'inexistence de « produits similaires sur le marché ». Autre disposition pour les investisseurs : le recours obligatoire au financement interne, qui sera ainsi préférable au marché international en raison d'un contexte international de « forte rétention de liquidités et de difficulté de financement ». L'Algérie offre une opportunité aux investisseurs internationaux et en partenariat avec les investisseurs algériens de pouvoir bénéficier, en dehors de l'apport en capital fait en devises, d'un « financement en dinars algériens dans un marché liquide avec des conditions de taux d'intérêt particulièrement stables ». Cette mesure, pour les pouvoirs publics, est bénéfique pour l'économie algérienne et ce « en limitant la croissance de l'endettement privé externe qui est un des éléments de vulnérabilité dans un contexte de crise financière internationale ». Il faut rappeler que dans un contexte d'incertitude, notamment au plan de la stabilité des recettes générées par l'exportation des hydrocarbures, l'Algérie veut maîtriser ses transferts à l'étranger tout en opérant des gains en devises sur certaines importations. Les importations ne cessent de croître ces dernières années, passant de 20 milliards de dollars en 2006, à 27 milliards en 2007 et 37 milliards en 2008. Le chapitre des services enregistre de son côté une forte hausse de 4 milliards de dollars en 2007 et de 11 milliards de dollars en 2008. Le gouvernement se fixe un objectif de baisse de 5% du montant des importations, la tendance est à la stabilisation sur le premier semestre de 2009, et l'on doit compter ici, d'abord, l'effet de la baisse des prix sur le marché international ainsi que les restrictions sur le secteur automobile. L'augmentation enregistrée sur les biens d'équipements, elle, traduit « une demande soutenue d'équipements importés dans le cadre d'investissements privés et publics ». Pour le gouvernement, il est important que les investissements directs étrangers tendent vers le développement de « niches d'exportations variées ou de substitution à l'importation, plutôt que de capter des bénéfices issus des opérations du commerce extérieur ». Laisser l'économie évoluer sur son régime actuel ne peut qu'emballer les demandes de dépenses d'importations auxquelles « il sera difficile de faire face à terme, faute d'une disponibilité des ressources nécessaires pour couvrir ces dépenses ». Celle-ci est, selon les observateurs, possible avec « les capacités de production installées récemment et les offres de marchés potentiels dans les zones de libre échange auxquelles l'Algérie vient d'adhérer ».